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ESG : pour être plus « green », la grande distribution va devoir repenser sa stratégie data

Pour atteindre ses objectifs de développement durable, la grande distribution va devoir intégrer plus de données externes, et en temps réel, autour de ses supply chains. Une architecture plus orientée événements serait une piste à privilégier, assure l’éditeur spécialisé Solace.

La chaîne logistique du commerce de détail contribue actuellement jusqu’à 25 % des émissions de gaz à effet de serre (GHG) dans le monde, selon Deloitte. Une statistique stupéfiante qu’il faut modifier. Heureusement, les organisations sur l’ensemble du secteur en ont bien pris note. Durant l’année écoulée, près de 73 % des CxOs du secteur des biens de consommation ont augmenté leurs investissements dans le développement durable.

Bien que l’IT ait longtemps tenu la promesse d’être un catalyseur pour l’ESG, les systèmes traditionnels ne sont pas conçus pour prendre en charge un flux d’informations ouvert et transparent. Résultat, beaucoup de données ESG restent inaccessibles. Les distributeurs ont besoin d’une architecture IT plus orientée événements – c’est-à-dire qui soit capables de recueillir, d’analyser et d’exploiter les données en temps réel, pour suivre les événements externes qui perturbent leurs transactions.

Une nouvelle infrastructure IT pour prend en charge le reporting ESG

Dans le domaine de la distribution, cela pourrait s’appliquer aux magasins, aux applications IoT, aux plateformes d’e-commerce, aux entrepôts, au siège social (quels que soient le système, le cloud ou les protocoles impliqués).

Il en résulte un réseau de brokers d’événements à l’échelle de l’entreprise ou « maillage d’événements » qui est dynamique, ouvert, simple et disponible partout, prêt à faire face aux perturbations et à garantir le suivi et l’aboutissement des engagements ESG.

En exploitant une architecture orientée événement (EDA) comme plateforme sous-jacente, les distributeurs pourront faire de grands pas vers la gestion proactive de leur impact ESG.

Les données contre les trajets à vide

Un exemple intéressant est celui des trajets inutiles.

Tous les camions qui retournent vides, ou partiellement vides, à la base, après avoir effectué des livraisons programmées, ou qui font des trajets avec peu de stocks, contribuent à un manque d’efficacité écologique. Les trajets à vide ont cumulé des distances atteignant près de 34 milliards de kilomètres. Sur la seule Amérique du Nord, on estime que près de 3,5 milliards d’heures de transport par camions américains pourraient être improductives, avec 20 à 35 % des heures susceptibles d’être effectuées à vide.

Dans une perspective immédiate : les capteurs d’un camion peuvent mesurer les émissions de carburant et de climatisation, mesures qui seront ensuite transférées dans le cloud. Des applications connectées via l’EDA vont alors contrôler et analyser les données pour fournir aux conducteurs « l’itinéraire le plus écologique » en temps réel. Les émissions en seront réduites.

Visibilité en temps réel des stocks

En orientant sur les événements l’ensemble des opérations de livraison, le distributeur peut visualiser en temps réel chaque camion, évaluer la distribution d’une chaîne d’approvisionnement mondiale, dont la disponibilité des stocks dans d’autres pays. Il peut alors modéliser d’autres cas de figure pour exécuter les commandes via d’autres itinéraires ou d’autres mécanismes de livraison viables.

Cette possibilité de modifier les itinéraires à la volée est un élément clé qui manque aujourd’hui pour répondre à la fois aux exigences ESG et aux attentes des clients. Avec le soutien des opérations par l’EDA, les distributeurs sont en mesure de capitaliser sur des données à jour pour prendre des décisions de planification judicieuses et réagir beaucoup plus rapidement aux changements qui affectent l’offre ou la demande.

Données granulaires, gaspillage des aliments et surstockage

En ce qui concerne la maîtrise du gaspillage, les denrées périssables sont soumises à des contrôles horaires du moment où elles entrent sur la chaîne de valeur de la distribution, jusqu’aux dernières heures passées en étagères. L’étiquetage électronique des prix a permis aux distributeurs de contrôler leurs stocks et d’ajuster les prix des lots à la volée pour optimiser les ventes et réduire les possibilités de gaspillages des denrées en étagères ou sur les comptoirs.

Mais le contrôle des stocks par « lots » limite la possibilité d’intervenir.

La RFID a évolué ces dernières années. Aujourd’hui, ces puces peuvent transmettre des données plus granulaires sur l’article (son lieu d’expédition, de réception et la durée de présentation en étagères, de passage sous les lampes chauffantes, etc.). Véritable mine d’or d’information en temps réel pour les distributeurs, ces données recueillies correctement permettent de mieux atténuer les gaspillages de stock en faisant intervenir diverses mesures telles que la réduction programmée des prix.

Appliqué au niveau de l’article, ce perpétuel « état de fraîcheur » contribue en grande partie non seulement à éliminer le gaspillage de nourriture, mais aussi à préserver la rentabilité du magasin.

Du point de vue plus général de la chaîne logistique et des stocks, l’accès en temps réel aux détails granulaires peut aussi faciliter l’analyse des schémas de vente et de stocks afin d’optimiser le choix du moment et de la quantité des commandes, en garantissant que la bonne quantité se trouve en magasin pour répondre aux besoins des consommateurs.

Cette tendance est également applicable en amont. Ces informations peuvent être remontées aux fournisseurs qui pourront optimiser leur production en conséquence.

Les agriculteurs pourront ainsi mieux planifier leur production en matière de volume et de calendrier.

Contrôle de la consommation énergétique des bâtiments

Compte tenu de l’empreinte physique des magasins, il convient aussi d’explorer les possibilités directes de réduire leurs émissions.

Pour McKinsey, les distributeurs doivent chercher à améliorer cette efficacité énergétique en introduisant des LED, des moteurs HVAC (chauffage, ventilation et climatisation) plus écoénergétiques, des pompes à chaleur, la production d’énergie solaire sur site et des systèmes de stockage d’énergie par batterie.

Pour les épiceries, la réfrigération en magasin pose un problème d’émissions particulier et nécessite des efforts pour identifier et gérer les fuites de réfrigérant et, dans les cas extrêmes, prévoir la revue complète des systèmes du magasin.

Les magasins d’aujourd’hui ne peuvent pas suivre ces conseils à un niveau granulaire. Mais il faudra envisager, à l’avenir, un univers où ces questions seront gérées de manière préventive – en tenant par exemple compte de la météo, de la circulation et d’autres facteurs pour contribuer à maintenir les émissions à un niveau bas et à minimiser l’empreinte carbone.

Le temps réel pour changer l’ESG

À plus long terme, des informations précises pourront aider à surveiller le bon état général d’un bâtiment et mesurer les émissions en temps réel afin de les comparer aux objectifs/prévisions. Les distributeurs pourront alors effectuer des ajustements et prendre les mesures nécessaires en se basant sur des données plus objectives (data driven).

À mon avis, l’EDA va jouer un rôle très important en reliant les événements clés pour donner les informations exploitables requises et faire le suivi de cette performance granulaire.

Afin de faire une véritable différence au niveau des conditions ESG dans le secteur de la distribution, les organisations sont amenées à évoluer en temps réel. Une infrastructure IT étayée par l’EDA est une des pistes majeures pour avoir une vision temps réel de l’ensemble de l’écosystème et des chaînes d’approvisionnement.

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