Stockage : Quantum ou la frénésie d’annoncer des produits

Traversant des difficultés en bourse, le fabricant multiplie les annonces pour rassurer ses investisseurs. Toutes les nouveautés visent à rendre ses solutions de stockage plus adaptées aux tâches d’IA.

Quantum, l’un des principaux fournisseurs de solutions de stockage sur bandes, est dans une tourmente fiscale. En attendant de s’en sortir, il multiplie les annonces de produits, sans doute dans le but de rassurer ses investisseurs. D’ici à la fin de l’année, il y aura donc une nouvelle bibliothèque de bandes pour les hyperscalers, mais aussi des versions plus performantes de ses NAS StorNext et Myriad, deux nouvelles baies DXi à base de SSD pour les sauvegardes, et une nouvelle baie ActiveScale également à base de SSD dans le domaine du stockage objet.

Depuis la fin de l’année dernière, Quantum éprouve des difficultés à publier des chiffres d’affaires trimestriels valides. Un imbroglio dans sa comptabilité l’empêcherait de savoir si certains de ses produits ont été vendus au tarif unitaire ou au tarif d’un bundle. Sous la menace d’une exclusion de sa cotation au Nasdaq, le constructeur vient de voir nommer à la tête de son conseil d’administration un ancien patron d’un fonds d’investissement. Cette nomination suit l’arrivée d’un nouveau directeur financier quelques mois plus tôt.  

« Ce qui est en train de se passer est incroyable. Il suffit qu’une entreprise dise qu’elle fait de l’IA pour que son action en bourse grimpe au-delà de celle d’une entreprise financièrement similaire qui n’a pas déclaré qu’elle faisait de l’IA. Donc, nous allons réorienter nos produits de stockage sur l’IA. Pour aider les entreprises à avoir une meilleure valorisation en bourse », disait, plus tôt cette année, Jaime Lerner, le PDG de Quantum (en photo), lors d’une rencontre avec LeMagIT, à l’occasion d’un événement IT Press Tour consacré aux innovations dans le stockage.

L’annonce la plus importante pour Quantum, celle qui doit le plus relancer la confiance de ses investisseurs, est celle de la livraison d’une nouvelle bibliothèque de bandes Scalar i7 Raptor aux hyperscalers. Succédant à la bibliothèque Scalar i6H, dont elle reprendrait les caractéristiques physiques (a priori 24 lecteurs et des rangements pour 800 cartouches par étagère rack), ce nouveau modèle permettrait de paralléliser les accès pour servir les besoins de performances des nouvelles applications d’IA.

On ignore si cette bibliothèque sera déclinée en un modèle pour les entreprises, la i6H étant elle-même une déclinaison de la bibliothèque Scalar i6 pour les datacenters privés. Quantum dispose aussi à son catalogue des bibliothèques, Scalar i3, qui peut embarquer de 25 à 400 cartouches lisibles par 1 à 24 lecteurs, et Scalar i6000, qui embarque jusqu’à 14 100 cartouches lisibles par 192 lecteurs.

Une baie ActiveScale Z200 à base de SSD

Le mérite des produits Quantum est que ses bibliothèques de bandes peuvent être embarquées dans son système de stockage objet ActiveScale. Ce dernier est également vendu sous la forme de baies de stockage. Or, justement, Quantum annonce dans cette gamme un nouveau modèle Z200 également plus adapté à l’IA.

La particularité du modèle Z200 est qu’il est entièrement équipé de SSD. Jusqu’à présent, les baies ActiveScale n’étaient proposées qu’avec des disques durs et se destinaient à héberger des données froides : archives, sauvegardes, documents accédés occasionnellement. En introduisant des modèles à base de SSD plus rapides, Quantum entend proposer un stockage qui pourrait servir de lac de données pour les applications d’analytiques ayant besoin de lectures rapides.

ActiveScale est plus exactement le nom du système de stockage objet qui équipe ces baies. Il peut gérer ensemble – c’est-à-dire dans le même espace de nom – des données stockées sur différents types de supports. Jusqu’ici, il s’agissait soit de disques durs, donc, soit de cartouches LTO. ActiveScale intègre aussi dans un même espace de nom des baies qui peuvent être installées sur trois sites géographiques, au titre de redondance et de résistance aux incidents.

Une baie Z200 offre 480 To de stockage brut sur trois nœuds 1U composés de 10 SSD de 15,36 To chacun. Pour autant, il est possible d’ajouter d’autres tiroirs de disques pour augmenter la capacité à l’envi. Chacun des trois nœuds offre deux ports Ethernet (soit six en tout) de 10 ou 25 Gbit/s.

Un nouveau contrat commercial Quantum Go

Dans la foulée, Quantum annonce Quantum GO, un contrat commercial qui consiste à vendre ses baies de stockage objet ActiveScale aux entreprises comme s’il s’agissait d’un service de stockage en cloud. D’abord, l’entreprise cliente n’achète plus le produit qu’elle installe dans son datacenter ; elle le loue moyennant un abonnement mensuel, trimestriel ou annuel. Ensuite, c’est Quantum qui s’occupe, à distance, de la maintenance de son système.

En revanche, à la différence des véritables services de stockage en cloud, la solution Quantum GO ne facture pas la relecture des données qu’elle héberge. Selon Quantum, il s’agit là d’un avantage financier essentiel lorsqu’une entreprise souhaite qu’un logiciel d’analytique scanne l’intégralité de ses archives.

Enfin, dernier avantage mis en avant : installée à l’intérieur d’un datacenter privé, la solution de stockage est de fait mieux protégée contre le vol de données que les services des hyperscalers accessibles via une adresse IP publique.

Des SSD aussi sur les DXi pour relire plus vite les sauvegardes

Concernant les sauvegardes, Quantum propose d’interfacer, entre les serveurs de production et les baies ActiveScale, des baies DXi. Leur fonction est de dédupliquer les données avant de les enregistrer durablement au format objet, dans le but de réduire l’espace de stockage occupé.

Toujours dans l’objectif d’accélérer les performances au bénéfice des charges de travail en IA, Quantum annonce les modèles DXi T10-60 et DXi T10-120. Ils offrent respectivement 60 et 120 To de capacité brute.

La caractéristique la plus saillante de ces deux nouvelles baies est qu’elles stockent les données sur des SSD QLC, alors que les autres modèles de la famille DXi, plus capacitifs, utilisent des disques durs. En pratique, ces baies seraient capables de stocker et de restaurer 113 To par heure, contre environ 2 To/h en écriture et 10 To/h en lecture pour des équipements similaires à base de disques durs chez Dell (PowerProtect, alias ex-Data Domain) et HPE (StoreOnce).

Les baies de stockage DXi de Quantum, qui sont validées avec les logiciels de sauvegarde de Veeam, Veritas et Commvault, présentent la particularité d’être très efficaces pour dédupliquer et compresser leurs contenus, Quantum n’hésitant pas à évoquer que l’indice de réduction peut aller jusqu’à 70:1. Cela reviendrait à des capacités utiles maximales de 4,2 et 8,4 Po sur les DXi T10-60 et DXi T10-120, respectivement.

Les deux autres baies DXi au catalogue de Quantum sont les modèles DXi4800 (315 To bruts sur disques durs, soit 22 Po utiles) et DXi9100 (2 Po bruts sur disques durs, soit 140 Po utiles).

Un SMB plus performant pour StorNext et Myriad

Enfin, Quantum annonce aussi de nouvelles versions de ses NAS StorNext et Myriad. Il s’agit plus exactement d’améliorations logicielles, car ces systèmes vont bénéficier à présent de Fusion File Share, le protocole de partage SMB sous licence Microsoft de l’éditeur finlandais Tuxera.

StorNext et Myriad étaient déjà capables de partager sur le réseau leurs fichiers aux protocoles NFS (NAS fichier Posix), S3 (partage en mode objet) et SMB (NAS fichier Windows), mais en version basique pour ce dernier. Fusion File Share apporte un SMB beaucoup plus performant, qui tire pleinement profit de cartes Ethernet très haut débit.

Contrairement au service SMB de base proposé sur tout serveur Linux, Fusion File Share implémente les couches SMB Direct RDMA, SMB scale-out, SMB Multichannel et SMB witness. Ce SMB-là permet de communiquer en RDMA entre la baie de stockage et une machine du réseau, c’est-à-dire en copiant directement les données en RAM, sans passer par le processeur, pour atteindre, par exemple, la vitesse de 10 Go/s sur un lien Ethernet 100 Gbit/s. Il est aussi capable, à la manière de NFS v4, de lire ou d’écrire sur plusieurs nœuds de stockage à la fois, via des flux parallèles, pour accélérer le chargement des fichiers.

Toutes ces caractéristiques sont celles que demandent des serveurs équipés de GPU pour lire leurs données à la vitesse de leur puissance de calcul. Quantum explique que ses NAS doivent aussi pouvoir accélérer les travaux d’inférence depuis des stations de travail Windows, Mac ou Linux.

Pour mémoire, StorNext est un SDS capable de monter un ou plusieurs volumes de fichiers à partir de plusieurs tiroirs de disques auxquels il est relié en mode bloc. StorNext, dans sa dernière version 7, est une VM qui s’installe sur un serveur. Quantum a cependant de plus en plus tendance à le proposer préinstallé sur des appliances H4000 (disques durs) et F2000 (SSD) qui intègrent à la fois la partie serveur et la partie tiroir de disques.

De son côté, Myriad est en quelque sorte une réécriture complète de StorNext, au format container, qui gère directement des SSD NVMe et, surtout, qui est conçue pour supporter la répartition de charge. Dans Myriad, chaque nœud de SSD est un serveur en soi qui calcule l’emplacement des données demandées et qui peut directement répondre aux requêtes des machines du réseau.

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