ERP : DL Software devient Orisha et confirme de fortes ambitions

Champion de la croissance externe, l’éditeur DL Software fête ses 20 ans en fédérant ses 25 marques d’ERP autour d’un seul nom : Orisha. Sur les synergies logicielles, sur le SaaS, sur l’international, sur les revenus et sur l’IA, le Français rêve grand.

À 20 ans, on est ambitieux. Avec 25 marques commerciales, et 50 logiciels répartis entre grands verticaux (retail, immobilier, santé et BTP), DL Software a changé d’envergure depuis sa création en 2003. Et avec cet anniversaire, ô combien symbolique, l’éditeur – conglomérat d’éditeurs, à la croissance dopée depuis 2017 – voit l’opportunité d’un nouveau départ pour aller encore plus loin.

Six ans plus tôt, le groupe réalisait 48 millions d’euros de chiffre d’affaires grâce à ses 450 collaborateurs et neuf éditeurs d’ERP verticaux. L’année dernière, DL Software franchissait le cap des 200 millions d’euros de chiffre d’affaires et des 1 300 salariés. Le groupe s’est aussi internationalisé avec plus de 30 nationalités au sein de son effectif et 100 000 clients dans une cinquantaine de pays.

Une même bannière, mais 6 BU/verticales logicielles

En 2023, DL célèbre donc ses 20 ans en repensant son organisation, tout en conservant le même projet industriel et une ambition de croissance inaltérée.

Pour l’occasion, l’éditeur change de nom et devient Orisha. L’identité de ses logiciels n’est pas remise en cause.

Jacques Ollivier, le PDG du groupe, expliquait simplement lors d’un petit déjeuner de presse le 19 octobre : la notoriété des outils l’emporte sur celle des fournisseurs auprès des utilisateurs.

Les logiciels restent, même si des évolutions futures sont probables pour favoriser les synergies applicatives, mais les sociétés du groupe DL passent « sous la même bannière ». Néanmoins, le positionnement historique d’éditeur très verticalisé demeure la marque de fabrique de l’acteur français.

Les activités sont ainsi réparties entre six business units (BU), correspondant aux secteurs clés couverts par les logiciels de son portefeuille global.

Juxta, Sephira, Pyxistem et CIM deviennent Orisha Healthcare. Sur l’immobilier, les entités Groupe Gercop, Egide, Jestimo, Casap et EnVisite constituent la verticale Orisha Real Estate. S’y ajoutent quatre autres divisions que sont Orisha Retail Shops (anciennement Bimedia, Devlyx, Futurosoft), Orisha Distribution (Serca et Serig), Orisha Construction (Onaya et DL Négoce) et enfin Orisha Retail Chains (Openbravo, Fastmag, Ginkoia, Cow Hills).

Orisha structure donc son existant, mais il se projette surtout sur le futur de ses activités.

Le groupe, qui réalise actuellement près de 40 % de son chiffre d’affaires sur le retail (environ 30 % pour l’immobilier, 20 % sur la santé et 10 % la construction), entend mieux équilibrer le poids de chacun de ces secteurs.

500 millions d’euros et une nouvelle BU d’ici 2028

« L’objectif n’est pas nécessairement d’avoir l’équilibre parfait entre les 4 pôles, mais de parvenir à une forme de cohérence en termes de taille », précise Jacques Ollivier.

Concrètement, cela signifie au minimum une cible de 50 millions d’euros par BU. Orisha prévoit d’atteindre près de 100 millions d’euros sur chacune de ses six verticales, avec comme objectif les 500 millions d’euros de chiffre d’affaires consolidé à l’horizon 2028.

Et pour alimenter son développement, le groupe prépare aussi la création d’une 7e BU – pour commencer.

« Nous devrions ouvrir au moins une nouvelle verticale dans les 4 ans qui viennent », déclare le dirigeant, qui évoque des prospections en vue de nouvelles acquisitions, et plusieurs pistes sectorielles possibles.

Parmi celles-ci : la formation/éducation, et « tout ce qui touche au travail temporaire », ou le secteur public. En revanche, les univers de la banque et de l’assurance sont exclus.

En parallèle, Orisha devrait accueillir un second investisseur en complément du fonds américain TA Associates, et poursuivra sa politique de croissance externe.

Sur l’immobilier, l’éditeur regarde par exemple du côté des green tech et de la rénovation énergétique des bâtiments. « Nous prospectons », confie le PDG, dont le maître mot est l’anticipation des grandes tendances. Et du côté des startups, les opportunités se multiplient, constate-t-il. Car pour ces sociétés, la crise des financements se fait durement sentir. 

« Beaucoup de startups arrivent à court de cash. Deux à trois ans plus tôt, nous étions obligés de les approcher et de les solliciter. Aujourd’hui, ce sont elles qui nous contactent d’elles-mêmes. Il ne faut pas se réjouir de cette situation, même si cela crée in fine des opportunités pour nous de faire des acquisitions. C’est ce qui s’est produit avec Casap, EnVisite et KEL en juillet », liste le dirigeant.

Les possibilités ne concernent pas que l’immobilier.

Cloud, convergence logicielle et IA

Pour nourrir son appétit de croissance, Jacques Ollivier compte sur le développement commercial des solutions du groupe et sur des capitaux supplémentaires.

« Nous avons toujours été rentables. »
Jacques OllivierPDG d'Orisha

Malgré les tensions sur les levées de fonds, le responsable estime que le cash disponible reste important. Pour séduire, il rappelle que son groupe repose sur un modèle de « croissance durable ».

« C’est important. Cela nous donne de la visibilité, nous permet d’investir, nous garantit la confiance des investisseurs (…) Nous avons toujours été rentables. »

Pour soigner ses performances, l’éditeur mise d’abord sur ses logiciels ainsi que sur une nouvelle politique de développement facilitée par la migration vers le cloud public, opérée quelques années plus tôt. Cloud et SaaS occupent par ailleurs une place croissante de ses recettes.

Début 2022, les revenus récurrents représentaient 75 % de son chiffre d’affaires. Cette part est désormais de 80 % et l’éditeur entend bien encore progresser. Orisha est aussi un consommateur de technologies cloud. Comme le confiait au MagIT l’année dernière Jacques Ollivier, le groupe dispose désormais d’un centre d’expertise « cloud native » en interne.

Orisha compte sur le cloud pour accentuer les synergies sur la partie développement, mais sans tomber dans une logique de plateforme telle que promue par certains de ses concurrents. « Nous voulons éviter de déboucher sur une espèce de plateforme qu’on essaie tant bien que mal de personnaliser pour adresser tel ou tel métier. Cela fonctionne assez mal. »

Cependant, impossible de multiplier les équipes autonomes dédiées à chaque ERP. Certains composants peuvent être mutualisés, par exemple en matière d’intelligence artificielle.

Pour favoriser cette mutualisation, « un tronc commun », l’éditeur mise sur le cloud (AWS et Azure), décrit comme « le carrefour entre d’un côté, des ressources techniques illimitées et des services innovants et, de l’autre, l’expertise métier de nos collaborateurs. »

Le cloud, en tant que « point de rencontre », permet « de faire dialoguer entre elles des technologies d’origines différentes ». La trajectoire envisagée est de poursuivre cette convergence entamée deux ans plus tôt « sur ce substrat », avec à la clé aussi des gains en termes de time-to-market.

« Le cloud nous permet d’aller beaucoup plus vite entre l’idée, sa réalisation et son déploiement », souligne le CEO.

Cette rapidité de mise en œuvre est centrale pour l’éditeur dans son ambition de jouer un « rôle d’éclaireur », qui implique d’être en capacité de bénéficier « d’un coup d’avance ».

Des synergies grâce au cloud et à un « tronc commun »

La synergie entre les produits doit aboutir à des gains en matière de coûts de développement. Elle se traduit également par une convergence des roadmaps. « C’est un vaste chantier », reconnaît le dirigeant du groupe, mais qui s’impose alors que son portefeuille se compose de 50 solutions. La réponse consiste à rationaliser en « transformant la redondance de coûts en investissement pour les clients. »

« Nous voulons éviter de déboucher sur une espèce de plateforme qu’on essaie tant bien que mal de personnaliser pour tel ou tel métier. Cela fonctionne assez mal. »
Jacques OllivierPDG d'Orisha

Cette stratégie vaut notamment pour les développements en intelligence artificielle, en particulier générative. Pour délivrer rapidement des fonctionnalités basées sur l’IA, Orisha exploite à ce stade les produits de ses partenaires technologiques, Microsoft et Amazon.

Son ambition, comme sur le cloud, est toutefois d’internaliser ce savoir-faire considéré comme stratégique. L’éditeur souhaite le plus rapidement possible se doter d’un centre d’IA, par le biais d’une acquisition et/ou de recrutements d’experts.

L’implémentation de l’IA dans les solutions est déjà en cours. Le 19 octobre, le groupe présentait quatre cas d’usage opérationnels. Dans la santé, l’IA est exploitée par exemple pour proposer du diagnostic à partir d’imageries médicales (des radios dentaires pour ses utilisateurs cabinets dentistes).

Dans la construction, Orisha propose de la « BI plus plus » au travers d’un système en langage naturel pour interroger des bases de connaissances et générer automatiquement des rapports décisionnels.

Sur la verticale de l’immobilier, l’IA générative intervient par exemple pour rédiger des annonces immobilières.

L’IA générative pour enrichir les fonctionnalités

Autre usage : « Des sociétés spécialisées, à partir de photos de votre appartement, sont capables de fournir un rendu en fonction du montant de travaux investi. Nous avons introduit un moteur d’IA qui permet d’obtenir ce résultat, non plus en 15 jours via un prestataire, mais en 30 secondes dans l’application », détaille Jacques Ollivier.

« Nous avons déjà détecté des pistes pour totalement intégrer ce savoir-faire [sur l’IA] chez nous. »
Jacques OllivierPDG d'Orisha

Pour déployer de telles fonctionnalités auprès de ses clients, le dirigeant met là aussi en avant le cloud et sa capacité à raccourcir la durée entre l’idéation et son industrialisation, mais il insiste sur la création d’un centre d’expertise en IA, « probablement par acquisition ».

« Nous avons déjà détecté des pistes pour totalement intégrer ce savoir-faire chez nous. L’IA, c’est le modèle, mais c’est surtout avoir les données. Et l’apprentissage des modèles d’IA, c’est un métier à part entière », souligne le PDG du groupe.

Des compétences en IA existent déjà, mais elles sont réparties un peu partout dans l’entreprise. Elles sont néanmoins organisées et pilotées grâce à la création deux ans auparavant d’un poste de CTO, occupé par Aymeric Thas-Pinot. Sa mission est de créer une cellule d’innovation dont les développements, parmi lesquels « les modules core », doivent bénéficier à toutes les entités.

Cette cellule oriente la stratégie et la roadmap, mais sa logique est aussi industrielle, insiste Jacques Ollivier, qui en fait un objectif majeur pour 2024 « pour assurer la croissance, mais aussi notre promesse d’éclaireur. »

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