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Les ventes de serveurs progressent de 8,5 %, surtout grâce à la Chine

Selon les derniers chiffres de Gartner, il s’est vendu 270 000 serveurs en plus dans le monde fin 2018. Ces machines coûtent plus cher et sont de plus en plus souvent fournies par des acteurs chinois.

En un an, les ventes mondiales de serveurs ont augmenté de 17,8 % en valeur et de 8,5 % en nombre d’unités, selon le dernier rapport de Gartner qui analyse les chiffres des fournisseurs au dernier trimestre de l’année 2018.

Le chiffre d’affaires total du secteur pour cette période atteint ainsi 21,86 milliards de dollars, contre 18,56 milliards de dollars au cours du quatrième trimestre 2017. Cela revient à 3,47 millions de machines vendues lors des trois derniers mois de 2018, contre 3,2 millions un an plus tôt.

En vérité, la performance des serveurs x86 est même meilleure que cela : leurs livraisons ont augmenté de 8,7 % et ils ont engendré 27,1 % de CA en plus. Les chiffres globaux de Gartner incluent en effet les ventes des grands systèmes et des machines Power d’IBM, dont les résultats commerciaux ont chuté de 32 % durant la période.

Sur l’année 2018 entière, les ventes de serveurs ont augmenté de 13,1 % et ont généré 30 % de revenus en plus, comparées à celles de 2017. L’Asie est le marché le plus dynamique (+17,6 % de ventes, +38,3 % de résultats), suivi de l’Amérique du Nord (+15,9 % de ventes, +34 % de CA), de la zone EMEA (+3,1 % des ventes, +20,4 % de CA) et de l’Amérique latine avec -4,4 % des ventes, mais tout de même +20,9 % de CA.

Dell et HPE se maintiennent, les acteurs chinois progressent devant IBM et Cisco

Concernant les meilleurs vendeurs, Dell EMC (20,2 % du CA mondial, 16,7 % des unités vendues) et HPE (17,7 % du CA mondial, 12,2 % des unités vendues) maintiennent respectivement leurs places de premier et second du palmarès trimestriel. Ils occupent ces positions depuis qu’IBM a cédé son activité x86 à Lenovo, début 2014. Néanmoins, si leurs revenus suivent effectivement la tendance (+22,7 % et +8,4 % de CA), le nombre de machines distribuées stagne, voire faiblit : -0,4 % pour Dell EMC (soit 581 000 machines au lieu de 583 000) et -4,4 % pour HPE (avec 424 000 serveurs vendus au lieu de 444 000).

En fait, la dynamique vient plutôt à présent des marques chinoises, réputées équiper les grands datacenters des acteurs du cloud. Inspur Electronics devient ainsi le troisième plus important fournisseur de serveurs, avec près de 294 000 machines livrées (8,5 % du marché), contre 236 000 un an auparavant, soit une croissance de 24,6 %. Huawei occupe la quatrième place, avec 260 000 machines vendues, et Lenovo la cinquième, avec 191 000. Huawei a vu son CA augmenter de 45,9 % et Inspur Electronics de 42,9 %.

Des serveurs plus chers car mieux équipés qu’auparavant

La différence d’évolution entre le chiffre d’affaires et le nombre d’unités vendues, qui signifie que les machines coûtent plus cher, s’explique selon Gartner, par l’augmentation des quantités de DRAM dans les configurations.

Rendue possible par les dernières générations de processeurs Intel Xeon SP (12 barrettes DDR4/socket) et AMD Epyc (16 barrettes DDR4/socket), cette croissance de la mémoire « sert mieux les nouvelles applications autour de l’intelligence artificielle et de l’analytique », commente Kiyomi Yamada, l’analyste de Gartner en charge de l’étude.

Selon lui, cette tendance à acheter des serveurs richement pourvus en mémoire devrait s’amplifier en 2019 du fait de la baisse récente du prix des barrettes. « Les constructeurs devraient bientôt commercialiser des serveurs à plus forte capacité mémoire pour tirer parti de l’actuelle surproduction de composants DRAM », dit-il. Il ne se prononce toutefois pas sur un réalignement des évolutions entre le nombre d’unités vendues et le chiffre d’affaires généré.

Selon nos informations, les prochaines versions des processeurs Epyc Rome et Xeon SP (dévoilés en avril prochain) devraient conserver les même nombres de barrettes possibles par socket, suggérant que les serveurs ne devraient plus augmenter de prix. Néanmoins, on sait qu’Intel entend promouvoir en 2019 de nouvelles barrettes Optane DC qui, grâce à leurs composants persistants, doivent permettre de doubler la capacité mémoire. On ignore cependant encore si ces barrettes coûteront plus cher. 

Gartner ne le mentionne pas, mais il est permis de supposer que l’augmentation des prix s’explique aussi par la réintroduction de fortes capacités de stockage dans les serveurs eux-mêmes. De tels designs sont en effet adoptés pour fabriquer des infrastructures hyperconvergées, une gamme de produits dont le succès va croissant et qui sert mieux les besoins de déploiement simplifié comme de scalabilité des entreprises.

Un marché qui stagne en Europe

La zone EMEA – principalement l’Europe – est moins propice à la percée chinoise. Chez nous, HPE reste le plus important fournisseur de serveurs (162 000 machines, soit 27,7% du marché), suivi de Dell EMC (146 000 machines, soit 24,9%), puis Lenovo (6,5%) et Cisco (4%), au coude-à-coude avec Fujitsu (3,9%).

Au total, les livraisons de machines ont augmenté de 6,6% pour atteindre 586 000 machines et ce sont Lenovo et Cisco qui sont le mieux parvenus à augmenter leurs ventes par rapport à l’année passée (respectivement +14,8% et +13,5%).

Si l’on ne regarde que les résultats commerciaux, le palmarès est le même, sauf qu’IBM se glisse en troisième position avec un CA de 424 millions de dollars générés (9,6% du marché), derrière HPE (1,37 Md$, 31,1%) et Dell EMC (1,15 Md$, 26%).

Néanmoins, les revenus des grands systèmes et des machines Power sont ici aussi en baisse, avec une chute de 19,2% de l’activité sur la période. Le marché global des serveurs en zone EMEA s’en tire néanmoins avec une augmentation de 12,3%, grâce aux efforts de Dell EMC (+31,6 % de CA), de HPE (+17,5 %) et de Lenovo (+14,5%). 

« Il est probable que les revenus des constructeurs en 2019 soient inférieurs à ceux de 2018. »
Adrian O’ConnellResponsable de l’étude sur la zone EMEA , Gartner

Au final, le marché des serveurs en zone EMEA pèse 4,4 Milliards de dollars, soit un cinquième du marché mondial. Et Gartner n’est pas très optimiste concernant son potentiel commercial.

« Le niveau relativement faible de la demande dans la zone EMEA semble devoir se poursuivre en 2019 et, ce, malgré un meilleur approvisionnement en composants-clés qui induira une baisse du prix des serveurs. De fait, il est probable que les revenus des constructeurs en 2019 soient inférieurs à ceux de 2018 », conclut Adrian O’Connell, responsable de l’étude sur la zone EMEA pour Gartner.

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