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«Après Tapie, on perd un autre emblème»... Marseille pleure Jean-Claude Gaudin

De nombreux élus ont observé une minute de silence en la mémoire de Jean-Claude Gaudin.
De nombreux élus ont observé une minute de silence en la mémoire de Jean-Claude Gaudin. NICOLAS TUCAT / AFP

Au lendemain de la mort de l’ancien maire de Marseille, agents de la mairie, anciens élus et admirateurs se sont pressés à l’Hôtel de ville pour honorer sa mémoire.

Le Figaro Marseille

Quand on évoque le nom de Jean-Claude Gaudin, Patricia fond en larmes. La «Marseillaise d’adoption» tenait à être là, dans la salle des mariages de l’Hôtel de ville. Au lendemain du décès de l’ex-maire de Marseille, elle a tenu à faire le chemin jusqu’au Vieux Port pour écrire personnellement un mot dans le registre de condoléances. «J’ai travaillé pendant quinze ans à la Ville, confie-t-elle. Jean-Claude Gaudin, je l’aimais bien. Il était très gentil. C’était un vrai Marseillais. Il va nous manquer.»

Avec quelque 12.000 agents au sein de la mairie, Jean-Claude Gaudin a été pendant vingt-cinq ans le deuxième employeur du territoire. Et nombreux sont les fonctionnaires et anciens fonctionnaires qui ne pouvaient le laisser partir sans un dernier hommage à leur ancien patron, à l’image de Richard, qui assure l’accueil de l’Hôtel de ville depuis l’élection de l’enfant de Mazargues, en 1995. «C’est un Monsieur que je respecte, souffle-t-il. C’est l’icône de Marseille, notre maire pendant vingt-cinq ans. Monsieur Gaudin, c’était un grand monsieur, et sa mort me fait énormément de peine.»

Aux côtés des agents municipaux se mêlent des Marseillais anonymes, admirateurs de l’édile. «Je suis marseillaise de naissance et de cœur, explique Armande. Et je trouve que Jean-Claude Gaudin était important pour tous les Marseillais. Il nous représentait bien, avec sa faconde, son éloquence, sa stature. J’allais toutes les années à la messe des santonniers. Je me souviens qu’il sortait toujours le premier sur les marches de l’église et qu’il serrait les mains à tout le monde. Je ne suis pas engagée politiquement, mais je ne m’attendais pas à ce qu’il meurt si subitement, et je suis chagrinée, forcément.»

«Un personnage mythique»

«Je me suis mariée dans cette mairie, et j’y ai divorcé aussi, raconte Martine. C’était un peu un personnage mythique, Jean-Claude Gaudin. On a déjà perdu Bernard Tapie, dont j’avais été aux obsèques, et on perd là un autre emblème de la ville, un personnage qui a marqué l’Histoire de Marseille.» Devant les registres de condoléances se presse enfin une dernière catégorie, comme pour mieux rappeler que Jean-Claude Gaudin n’a eu qu’une vie publique dénuée de vie privée. Dans la salle des mariages, actuels élus et anciens responsables politiques marseillais s’appliquent à écrire un dernier message à celui qui fut tantôt leur allié, tantôt leur meilleur ennemi.

«Je voulais rendre hommage à l’homme qui a incarné cette ville pendant vingt-cinq ans, souligne Eugène Caselli, opposant politique historique de Jean-Claude Gaudin et président socialiste de la communauté urbaine entre 2008 et 2014. Nous avons su travailler ensemble, conjointement, avec respect et intelligence. C’était un homme si attachant.»

«Je dois ma carrière politique à cet homme extraordinaire, se souvient Michel di Nocera, ancien adjoint à l’Urbanisme de Jean-Claude Gaudin, après une élection sous Gaston Defferre puis René Vigouroux. C’était Gaudin. C’était quelqu’un. On le pensait indestructible.» Alors que 17 heures approche, Michel di Nocera gravit les marches majestueuses qui conduisent vers l’ancienne salle des délibérations de l’Hôtel de ville, là où le défunt maire et lui ont commencé leur carrière politique, il y a des dizaines d’années.

«Un bout de moi qui disparaît avec lui»

Sur une estrade posée à côté du bureau qu’a occupé l’enfant de Mazargues pendant un quart de siècle, trois figures politiques marseillaises de premier plan font face à une foule compacte d’élus et anciens élus marseillais, venus honorer la mémoire de Jean-Claude Gaudin à l’occasion d’un hommage républicain. Les discours prennent alors des airs de déclarations filiales, à quelques mois des prochaines élections municipales dont il se dit que tous trois en constitueront des rouages essentiels, pour ne pas dire les têtes d’affiche.

«C’est un bout de moi qui disparaît aujourd’hui, confie la présidente du département et de la métropole Martine Vassal, la gorge nouée. Il est comme un père pour moi, un père politique qui m’a mis le pied à l’étrier. Je sais aujourd’hui ce que je lui dois. C’est aussi une figure de mon enfance qui disparaît. Je me suis construite politiquement à l’ombre de cet homme qui était devenu un phare pour moi.» Martine Vassal a commencé sa carrière politique aux côtés de Jean-Claude Gaudin, ami proche de son père, avant de lui succéder à la tête de la métropole.

«Et je veux le dire en adversaire politique, moi qui l'ai combattu, avec d'autres : nous avons eu de la chance de faire nos armes face à lui», abonde l’actuel maire Benoît Payan, préférant volontairement taire les critiques acerbes qui furent les siennes quand il siégeait dans l'opposition. «Je ne serais pas tout à fait l'homme que je suis, je ne serais pas tout à fait le responsable politique que je suis, si mon parcours, un jour, n'avait croisé la route de Jean-Claude Gaudin», poursuit l’édile, la gorge nouée.

Des obsèques jeudi

«J’ai eu la chance inestimable de bénéficier de votre attention, de votre expérience, de votre soutien, de votre amitié, de votre affection, sanglote la secrétaire d’État Sabrina Agresti-Roubache, qui s’adresse au maire défunt tout en séchant ses larmes. Nous nous ressemblions beaucoup, enfants de Marseille, issues d'une famille modeste, de pères maçons. Nous nous comprenions. Nous partagions cette fierté d'appartenir à cette terre, à cette ville qui nous a vus grandir et qui continue de nous inspirer.»

Dans cette valse d’hommages, un homme toutefois manque à l’appel. Un certain Renaud Muselier, actuel président de région et qui a pourtant été longtemps son premier adjoint. Tous deux avaient cheminé ensemble, avant que Renaud Muselier ne perde mystérieusement la communauté urbaine en 2008 face à la gauche pourtant minoritaire. Pressenti également pour les prochaines municipales, l’actuel chef de file de Renaissance n’a jamais caché sa rancœur envers celui qu’il avait accusé d’avoir pactisé avec l’ennemi pour empêcher son élection.

«Il n'était pas là effectivement parce qu'il n'est pas conseiller municipal», justifie sobrement son entourage. Sa présence serait toutefois assurée lors des obsèques, prévues ce jeudi après-midi en la cathédrale marseillaise de la Major.

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16 commentaires
  • jpantibes

    le

    Je ne suis pas sûr que le rapprochement Tapie-Gaudin plaise à la famille Gaudin.
    Mais ce rapprochement n’est certainement qu’un hasard…

  • Lulu2202

    le

    La presence de Payan sur la photo est une insulte à la memoire de Gaudin ! les magouilleurs socialistes n'ont pas leur place en république !

  • Phil94

    le

    Que de naïfs pour un bilan catastrophique qui a obligé l'Etat à verser des sommes colossales à une ville en faillite... Prochainement le feuilleton continue avec Paris.

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