Test du Honor 200 Pro : l’art du portrait n’est plus réservé qu’aux photographes

On ne présente plus Honor, la marque chinoise qui a repris le flambeau du géant Huawei devenu moribond aux Etats-Unis avec comme effet collatéral une diminution drastique de ses ventes en Europe. Initialement orienté vers un public jeune, dynamique et pas trop fortuné, Honor s’est au fil des années attaqué à une catégorie d’utilisateurs plus exigeants, à la recherche d’innovation et aussi plus aisés, on est dans ce cas de figure avec ce Honor 200 Pro. Ses smartphones issus de la gamme Magic, au format classique ou pliant, représentent un bel exemple de ses capacités de développement et permettent régulièrement aussi à Honor de se hisser parmi les fabricants les plus appréciés sur les gammes prémium.

Mais histoire de ne pas délaisser un public qui n’est pas forcément prêt à lâcher plus de 1200 euros dans un smartphone, la marque conserve des modèles de milieu de gamme, plus accessibles, à son catalogue. C’est le cas de la série « numbers » qui embarque les smartphones dont le nom se réduit à un chiffre comme les Honor 70 ou Honor 90 des années précédentes. Pour 2024, Honor nous a réservé une surprise. Sa série Honor 200 qui comprend trois modèles (200 Lite, 200 et 200 Pro) ne se contente pas d’une simple mise à jour technique de l’appareil. Le Honor 200 Pro testé ici, s’offre un partenariat inédit dans l’univers des smartphones.

Alors que la plupart du temps les constructeurs de mobiles s’associent à des prestigieuses marques allemandes spécialistes de la photo (Leica, Zeiss ou encore Hasselblad), Honor s’est tourné vers le studio parisien Harcourt qui célèbre cette année ses 90 ans d’existence. Harcourt, ce sont des photos de portrait de stars du cinéma, du showbiz ou encore du sport, réalisées généralement en studio (en noir et blanc ou en couleur) avec une patte particulière qui leur donne une vraie signature. Des photos à la lumière bien travaillée donnant une teinte et un style reconnaissables. C’est cet univers qu’à souhaité introduire Honor dans son nouveau smartphone. Et le résultat est plutôt saisissant. Le travail conjoint avec Harcourt qui ne se limite pas à de simples filtres dans l’appli appareil photo mais bien à une réelle façon d’exploiter les objectifs et la lumière le tout saupoudrée d’une pincée d’intelligence artificielle, est inédit. L’art du portrait à la portée de tous ? Ce n’est peut-être pas suffisant pour convaincre, mais heureusement, le Honor 200 Pro possède d’autres cordes à son arc.

Honor 200 pro : un design original gâché par un petit défaut

Sur sa gamme premium Magic, Honor soigne particulièrement le design de ses appareils. Sur les modèles de milieu de gamme, c’est moins flagrant… sauf pour cette série 200. Le Honor 200 Pro adopte un look assez original. Notre modèle de test se pare au dos d’une robe blanche un peu nacrée et zébrée de marbrures réussies. L’appareil est aussi disponible dans un coloris noir mat plus classique mais également dans un coloris vert d’eau baptisé Ocean Cyan faisant penser à un rivage.

Au dos de l’appareil toujours, Honor en termine avec les rectangles, carrés et autre cercles pour regrouper les modules photo sur un ilot. Place maintenant à l’ovale, étirée dans le sens de la hauteur. Ça change et c’est réussi.

Le gabarit de l’appareil reste agréable avec des tranches fines recouvertes sur une légère partie par l’écran puisque le Honor 200 Pro embarque une dalle Oled incurvée. Cependant, cette recherche de l’esthétisme présente un réel défaut. Sans coque (et Honor n’en fournit pas dans la boîte), l’appareil se montre particulièrement glissant. Non seulement entre les mains mais aussi lorsqu’il est posé à plat (sur le dos ou sur l’écran) sur une surface bien lisse. Il nous est fréquemment arrivé de le voir lentement glisser vers le rebord d’une table au rythme des vibrations émises lors d’un appel entrant. Prudence donc.

Enfin, contrairement aux modèles plus haut de gamme, il faut se contenter ici d’une certification IP65. Le Honor 200 Pro résistera bien à la poussière mais sera sensible à l’immersion dans l’eau.

Un écran confortable dans toutes les situations

Pour faire honneur à la photographie, usage principal auquel se destine ce 200 Pro, Honor ne pouvait pas se contenter d’un banal écran Oled. La firme s’appuie donc sur une dalle d’une excellente qualité. Elle propose une surface d’affichage assez grande de 6,78 pouces avec une définition de 2700 x 1224 pixels pour une résolution de 437 ppp. Le taux de rafraîchissement grimpe bien sûr à 120 Hz en mode dynamique. Contrairement à la mode actuelle qui tend vers le retour des dalles complètement plates sur les modèles premium, il s’agit ici d’une dalle incurvée. Un choix qui déplaira à certains puisque ce type d’écran accuse toujours comme principal défaut d’être un peu trop sensible aux touchers accidentels sur les bords mais qui provoque néanmoins un bel effet et une réelle sensation d’immersion. D’autant que cette dalle se montre très lumineuse. Honor indique un pic à 4000 nits en HDR, ce qui nous paraît un peu surestimé, mais il n’empêche. Nous n’avons jamais rencontré la moindre difficulté de lisibilité mais sous le soleil enfin présent en ce début d’été.

Des performances très correctes

Sous le capot, Honor se repose sur une récente version d’un SoC signé Qualcomm ; le Snapdragon 8s Gen 3, une variante moins chère mais aussi moins performante que le top du haut de gamme actuellement, le 8 Gen 3. Ce SoC n’en reste pas moins un choix judicieux pour obtenir un bon compromis entre un bon rendement et un prix raisonnable. Il s’agit d’une puce gravée en 4 nm qui reprend l’architecture générale de son grand frère avec ses Cortex-X4, Cortex-A720 et Cortex-A520 mais affichant une cadence inférieure à celle du 8 Gen 3. Le Snapdragon 8s Gen 3 est épaulé dans sa tâche par un GPU Adreno 735, 12 Go de RAM et 512 Go d’espace de stockage. Il n’existe pas d’autre configuration au catalogue.

Ainsi équipé, le Honor 200 Pro ne s’en sort pas trop mal. Au quotidien, l’appareil se montre très fluide et ne présente pas de ralentissement ou de temps de latence lors du passage d’une appli à une autre. La réactivité est au rendez-vous et c’est assez plaisant.

En jeu, le Honor 200 Pro s’en sort pas mal également. Il peut faire tourner des titres exigeants (comme Genshin Impact) avec un niveau de détails élevé à 45 voire 60 images par seconde sans fléchir.

Côté logiciel, le Honor 200 Pro est animé par Android 14 et la surcouche logicielle maison MagicOS ici en version 8. Mais il ne faudra compter que sur trois mises à jour majeures du système et quatre ans de correctifs de sécurité. Pour un smartphone à ce tarif, c’est trop court.

Un pro de la photo de portrait

Évidemment, là où l’on attend ce Honor 200 Pro, c’est sur le terrain de la photo et notamment, ce fameux mode portrait conçu en partenariat avec le studio parisien Harcourt. Mais avant, faisons un petit tour du propriétaire. Pour réaliser des clichés, le Honor 200 Pro est équipé d’un module principal de 50 Mégapixels (f/1.9), d’un ultra grand-angle de 12 Mégapixels (f/2,2) et d’un téléobjectif optique 2,5x de 50 Mégapixels (f/2,4) également mis en œuvre pour les portraits. En haut de la dalle Oled se cache au sein de la petite pilule une caméra selfie de 50 Mégapixels tout de même (f/2,1) assistée par un capteur de 2 Mégapixels (f/2,4) dont le but n’est autre que d’évaluer la profondeur de champ.

Alors, ces portraits façon Harcourt, qu’est-ce que ça donne ? Eh bien c’est plutôt convaincant. Trois modes à la sauce Harcourt sont proposés : Couleur, Vibrant (une variante du mode couleur mais plus intense et dans un format plus large) et le fameux noir et blanc, le grand classique du studio. C’est ce dernier qui délivre les résultats les plus convaincants. On retrouve bel et bien le style très léché des photos Harcourt. Le piqué est excellent tout comme le velouté du noir et blanc. Si l’on s’en donne la peine avec une mise en scène un peu élaborée, il est très facile d’obtenir des clichés presque « dignes » du studio photo parisien sans pour autant posséder tous les talents d’un photographe professionnel. Le pari est donc réussi avec ce mode.

Quant aux clichés plus classiques, le Honor 200 Pro se place là encore dans le haut du panier. De jour, avec le module principal grand-angle, on obtient de très bon résultats avec des clichés qui ne manquent ni de couleur ni de détails. La lumière est correctement gérée et l’autofocus se montre très réactif. Pratique pour les sujets en mouvement que l’appareil est capable de figer dans le temps.

Avec le module ultra grand-angle et son capteur de 12 Mégapixels, on y perd forcément un peu en qualité et en détails. Les couleurs en prennent aussi un petit coup dans l’aile et paraissent un poil plus ternes. Il n’empêche, les clichés restent très satisfaisants et agréables à regarder. La déformation sur les bords de l’image est contrôlée. Bien joué.

À bord de l’appareil, on retrouve un téléobjectif optique de 2,5x agréable à manipuler. Les détails restent bien présents jusqu’à cette focale. Au-delà et surtout passés les 10x (le capteur peut grimper à 50x), le Honor 200 Pro fait face à des difficultés classiques que l’IA ne peut corriger. Les détails s’estompent et le lissage s’intensifie.

Zoom 2x

Zoom 2,5x

Zoom 5x

Zoom 10x

Zoom 50x

Zoom 2x

Zoom 2,5x

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Lorsque la lumière s’amenuise, le Honor 200 Pro parvient encore à en capter suffisamment pour en tirer le maximum. Le temps de pose, inévitablement plus long, favorise les flous de bouger mais l’appareil ne s’en sort pas si mal. Il parvient aussi à retrouver des couleurs que l’on ne pensait pas récupérer. Du bruit numérique peut évidemment apparaître lorsque la lumière vient vraiment à manquer mais c’est globalement une réussite.

Une autonomie un peu trop juste

Il fallait bien qu’Honor commette quelques erreurs sur ce smartphone pour auquel tout réussissait jusque-là. Et le principal faux pas est à chercher du côté de l’autonomie. Pourtant, tout s’annonçait bien avec une batterie un poil plus généreuse que la moyenne avec une capacité de 5200 mAh. Mais il faut croire que quelques grains de sable viennent perturber l’optimisation logicielle pour le SoC Snapdragon 8s Gen 3. Avec notre test PCMark, le Honor 200 pro affiche une autonomie de 12h09 en conservant encore 20 % de batterie sous le pied (de quoi tenir une bonne heure en usage intensif). C’est un petit peu trop court par rapport à des modèles concurrents vendus parfois moins cher. On attendait mieux. Avec un usage classique, cette autonomie permet de tenir une bonne journée et demie tout de même. Mais si l’on sollicite souvent le smartphone pour l’usage auquel il se destine, à savoir la photo, mieux vaut anticiper et prévoir une journée d’utilisation avant de passer par la case recharge.

Côté recharge justement, le smartphone affiche fièrement une compatibilité avec une puissance de charge de 100 W. Mais ne vous réjouissez pas trop puisque pour parvenir à une charge rapide, il faudra vous équiper d’un chargeur Honor ou Huawei compatible. Avec un chargeur d’une autre marque de 100 W également, il nous a fallu un peu plus d’une heure pour refaire le plein de l’appareil. Le Honor 200 Pro supporte également la charge sans fil à 66 W mais là encore, avec un chargeur compatible de la marque ou de son ancienne maison mère, Huawei.

En conclusion : notre avis sur le Honor 200 Pro

Le Honor 200 Pro mérite-il la couronne du roi de la photo portrait ? Indéniablement oui. Le partenariat avec le studio parisien Harcourt n’est pas purement marketing. Les deux marques ont visiblement opéré un vrai travail de fond pour se rapprocher le plus possible de la patte du studio. C’est une réussite. Mais on ne juge pas un smartphone uniquement sur un seul critère. Le Honor 200 Pro a aussi un design plaisant avec un dos original (que l’on aurait apprécié moins glissant cependant), un écran Oled parfait et une puissance très satisfaisante en adéquation avec l’usage auquel il se destine. Ce qui plaît moins en revanche, c’est son autonomie trop juste, surtout lorsque l’on part en safari photo à la recherche du portrait idéal. Le nombre de mises à jour logicielles prévues est lui aussi loin de satisfaire. Dernière ombre au tableau : son prix. Il s’affiche à 800 euros au tarif officiel. Un coût relativement élevé pour un smartphone de cette catégorie. Pour séduire les budgets un peu trop serrés, Honor propose un bonus de reprise de 80 euros pour un ancien smartphone et offre un casque Marshall Major IV. Mais même ainsi, ça reste cher.