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Rien à perdre  : une mère par temps agité sur Canal +

Virginie Efira, poignante dans le rôle d’une mère courage.
Virginie Efira, poignante dans le rôle d’une mère courage. Curiosa Films / David Koskas

En maman célibataire privée de son fils par l'Aide sociale à l'enfance (ASE), Virginie Efira impressionne à nouveau dans ce drame poignant. Rien à perdre, un film à voir ce mardi 28 mai à 21h10 sur Canal +.

Sylvie, barmaid la nuit dans un café-concert à Brest et mère célibataire proche de ses deux garçons, Jean-Jacques, l'aîné, et Sofiane. Mais ce petit dernier à ten dance hyperactive a un peu trop la frite… et il les aime un peu trop également. C'est ainsi qu'un soir où sa mère travaille et que son grand frère n'est pas encore rentré, il lui prend l'envie d'en cuisiner. Hélas, il se montre maladroit. De quoi le mener à l'hôpital, brûlé au second degré. Rien de bien grave heureusement, mais l'accident domestique va enclencher un engrenage infernal.

Comme le garçon était seul, l'hôpital adresse un signalement pour négligence auprès de l'Aide sociale à l'enfance (ASE). Cette dernière va lancer une procédure à l'encontre de cette mère, Sylvie, incarnée avec brio par Virginie Efira. Une enquête est menée, dans la précipitation. Résultat : un juge prend la très lourde décision de placer Sofiane en foyer d'accueil. De quoi, bien évidemment, faire exploser complètement la cellule familiale.
Passant du documentaire à la fiction, Delphine Deloget, la réalisatrice, ex plore cette zone grise des services sociaux. 70 % à 80 % des placements d'enfants aujourd'hui sont en effet décidés à la suite d'une défaillance de leur environnement et non d'une maltraitance.

Portrait de femme

Mais si le scénario catastrophe, très bien documenté, repose sur des témoignages réels, le film s'en affranchit ensuite largement. Il quitte un réalisme brut pour s'attarder sur le portrait très réussi, plein de vie, presque charnel, d'une femme qui ne renonce pas. Une mère qui a l'instinct de survie chevillé au corps, malgré des obstacles de plus en plus insurmontables.

Sous pression constante, s'échappant du cadre, Sylvie se bat contre la ma chine administrative et judiciaire comme Don Quichotte contre des moulins à vent. Elle ne s'arrête jamais, ca vale, vocifère, se révolte, se défoule en détruisant une gazinière brûlée ou en éclatant les ballons d'un anniversaire annulé. Si notre empathie nous pousse vers ce personnage de mère aimante malgré ses faiblesses et touchante dans son acharnement à récupérer son « crapaud », le film a l'intelligence de ne pas prendre le parti de la morale, en tout cas de s'affranchir d'un jugement sur les conditions du bien-être des enfants. Rien n'est manichéen, la finesse est là, toutes les nuances apparaissent à l'écran, chacun détient sa vérité.

Et les comédiens qui partagent l'affiche avec Virginie Efira ne sont pas là pour faire de la figuration. India Hair, au sein d'un groupe de parole de parents désemparés et résignés, est troublante dans le rôle de l'assistante sociale qui a peur de passer à côté d'un enfant maltraité. Félix Lefebvre, jeune acteur qui explose depuis que François Ozon l'a révélé avec Été 85, tient ici un rôle particulièrement difficile. Celui du grand frère introverti qui doit trouver sa place dans ce chaos.

Un combat héroïque et tristement ordinaire

Quant à Arieh Worthalter, il est décidément incontournable dans le rôle de l'oncle complice. Confronté à sa sortie en salle, en novembre dernier, aux grandes batailles napoléoniennes emmenées par Ridley Scott, ce combat tristement ordinaire n'en est pas moins héroïque. Cette lutte d'une mère, plus tricarde qu'impériale, diffusée ce mardi pour la première fois à la télévision, sur Canal+, mérite elle aussi les champs d'honneur.

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