Publicité

«Parfois, je me rappelle que j'ai pris feu» : le parcours de résilience de Julie Bourges, grande brûlée

Julie Bourges.
Julie Bourges. Flavian Couvreur

PORTRAIT - Julie Bourges a fait de son histoire une force. Avec son compte @douzefevrier sur Instagram, elle partage son parcours et donne courage et espoir.

Récemment, Julie Bourges a dû se plonger dans des photos d'elle bébé. «Me voir petite me bouleverse, glisse-t-elle, émue. À cette époque-là, je ne savais pas ce que la vie me réservait.» Jusqu'à ses 16 ans, la fresque est presque parfaite : les pieds dans l'eau à Cagnes-sur-Mer, dans une famille méditerranéenne qui s'aime et se le dit. Entre eux, le sport agit comme un ciment. Son «truc» à elle, c'est la gymnastique. Elle s'y donne à fond, quand elle n'est pas avec copains ou cousines. Rien ne limite sa joie de vivre.

Même sourire ce 12 février 2013, jour de carnaval du lycée, où elle pose avec son amie d'enfance. Toutes deux portent le même costume de mouton confectionné de leurs mains : sur du jean, avec du scotch double face, elles ont collé des boules de coton. En rentrant chez elle, Julie allume une cigarette. En quelques secondes, le vêtement s'enflamme. Elle sera brûlée au troisième degré, le plus grave, du menton au nombril. Pronostic vital engagé. Après trois mois de coma, elle finit par se réveiller, le corps entièrement bandé, mais vivante. Onze ans plus tard, elle confie : «Parfois, je me rappelle : j'ai pris feu.» Ce séisme, elle refuse de le laisser trop longtemps gâcher son existence.

À quelques semaines de sa sortie d'hôpital, elle n'arrive pas encore à marcher, mais fait des poiriers contre le mur de sa chambre. En plein sevrage des anxiolytiques et antidépresseurs qu'elle ne veut plus jamais ingérer, elle demande à ses parents de lui «faire confiance». Son chirurgien lui donne trois ans pour recommencer la gym. Cela lui prendra six mois. «Dans cette discipline, on apprend très vite à se relever quand on tombe», avance-t-elle. Julie Bourges se dit alors que c'est applicable à la vie.

Vivre comme avant

La jeune femme de 27 ans veut «vivre comme avant». Vite. Rien n'a été si simple. Après son bac, elle rêve de travailler dans le luxe, mais se résigne de peur d'être rejetée. Idem pour l'école de commerce. Le handicap physique n'est pas reconnu. En fac de sport à Nice, elle est discriminée. Elle, qui a nourri une aversion certaine pour la chaleur, la fuira – comme le reste – des saisons entières dans une station de ski. C'est là qu'un matin, elle crée un compte Instagram – nommé Douze Février en référence à la date de son accident –, publie une photo d'elle à l'hôpital et raconte son histoire en français et en anglais. Le post devient viral. Protégée par l'écran, elle dévoile ses cicatrices. Apparaît dans Sept à Huit sur TF1 (12 millions de téléspectateurs), fait la une de plusieurs magazines.

Au cours d'un shooting, elle rencontre Flavian Couvreur, photographe. Lui ne voit pas la peau brûlée, mais «comme un tatouage qu'elle portait très bien et que j'avais envie de mettre en valeur», raconte-t-il. Devenu son amoureux, il emmène la fille de la Côte d'Azur dans les Landes. Le souvenir de ce jour de 2019 est encore vif : sur la plage, elle se baigne, remonte la dune : «Chez moi, je suis une bête de foire, lui avoue-t-elle. Ici, personne ne me regarde.» Pour cette pression allégée, le surf et l'espace, ils déménagent dans la région. De là, l'influenceuse aux 641. 000 followers répond aux nombreuses requêtes qu'elle reçoit : son expérience touche bien au-delà des 400. 000 brûlés en France chaque année.

Récemment, elle est devenue l'ambassadrice de Volvo, prônant la sécurité. Des groupes de luxe la contactent pour donner des conférences sur la différence. Malgré ses cicatrices, elle le sait : elle reste une blonde aux yeux clairs, taille 34. Pas de quoi révolutionner les normes. «Mais tout de même», ajoute-t-elle. Sur son lit d'hôpital, elle s'accrochait à l'exemple de Winnie Harlow, mannequin souffrant d'un vitiligo. C'est aujourd'hui à son tour d'incarner, pour d'autres, un espoir.

«Parfois, je me rappelle que j'ai pris feu» : le parcours de résilience de Julie Bourges, grande brûlée

S'ABONNER
Partager

Partager via :

Plus d'options

S'abonner
Aucun commentaire

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

À lire aussi