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La Hongrie prend les commandes du Conseil de l’Union Européenne

Le premier ministre hongrois, Viktor Orban, après sa rencontre avec son homologue italienne, Giorgia Meloni, au Palazzo Chigi, à Rome, le 24 juin 2024.
Le premier ministre hongrois, Viktor Orban, après sa rencontre avec son homologue italienne, Giorgia Meloni, au Palazzo Chigi, à Rome, le 24 juin 2024. Guglielmo Mangiapane / REUTERS

Viktor Orban, qui a annoncé dimanche le lancement d’un nouveau groupe à Strasbourg, va faire de cette présidence semestrielle une tribune politique.

Correspondante à Bruxelles

Bruxelles se prépare toujours au pire. La présidence hongroise du Conseil de l’UE, qui débute ce lundi 1er juillet, devrait donner du grain à moudre aux dirigeants européens, eurodéputés et diplomates. La Hongrie n’est pas le meilleur élève de l’UE. Elle a été mise à l’amende pour ses manquements répétés à l’État de droit : atteinte aux droits des personnes LGBT et des demandeurs d’asile, insuffisances dans la lutte contre la corruption… Dix-neuf milliards d’euros de fonds européens sont gelés par la Commission.

Viktor Orban, proche de Vladimir Poutine, multiplie les provocations contre l’« Europe mainstream ». Le slogan de cette présidence en est une : « Make Europe great again. » C’est une référence explicite à Donald Trump, que l’homme fort de Budapest veut voir revenir à la Maison-Blanche. Alors que son parti, le Fidesz, avait été évincé du PPE en 2021, Orban a signé dimanche, à Vienne, un manifeste en vue de la création prochaine d’un groupe parlementaire à Strasbourg, nommé Patriotes pour l’Europe. « Les citoyens européens veulent trois choses : la paix, l’ordre et le développement. Tout ce qu’ils obtiennent de l’élite bruxelloise actuelle, c’est la guerre, la migration et la stagnation », a-t-il justifié.

Parmi les membres fondateurs présents à ses côtés, l’ex-premier ministre tchèque Andrej Babis, dont le parti, Ano, a claqué la porte des libéraux de Renew, et le FPÖ autrichien, que dirige Herbert Kickl. Cette formation était jusqu’à présent rattachée au groupe Identité et démocratie (ID), où siège le RN. Un coup de main de Marine Le Pen au dirigeant hongrois, qui a besoin de 23 élus issus de 7 pays pour constituer son groupe ? « Le Parlement européen, c’est un peu comme le foot. Si on peut se prêter des joueurs, on le fait », confiait samedi, un élu RN.

Les Patriotes pour l’Europe comptent déjà 23 élus, et des partis issus d’au moins 4 autres pays, notamment d’Europe centrale, sont prêts à le rejoindre. Reste à savoir si les 30 eurodéputés RN et/ou les 20 élus du PiS polonais qui siègent avec Fratelli d’Italia, de Giorgia Meloni, feront aussi ce mouvement. « Notre objectif est de devenir le groupe de droite le plus puissant de la politique européenne », affirme Orban.

Une présidence sous surveillance

La présidence hongroise sera sous haute surveillance. Le premier ministre belge, Alexander De Croo, a donné le ton jeudi. « La présidence ne veut pas dire que vous êtes le patron de l’Europe. Il s’agit de faire des compromis. C’est un poste intéressant. Je peux certainement le recommander à M. Orban », a-t-il ironisé. Les Hongrois s’emploient, de leur côté, à rassurer les Européens. « Ce sera une présidence comme les autres. Nous serons des médiateurs honnêtes et nous essaierons de coopérer sincèrement avec les États membres et les institutions de l’UE », assure l’ambassadeur Odor Balint.

En cette période de transition institutionnelle, les risques de dégâts éventuels au Coreper (où siègent les ambassadeurs de l’UE) et dans les différentes formations du Conseil (où se retrouvent les ministres de l’UE) sont assez minimes, sauf imprévu. Le gouvernement hongrois a veillé, selon la formule d’un diplomate, à « nettoyer l’agenda » en donnant au final son feu vert à nombre de ceux auquel il était opposé.

« Ils ont laissé passer la Conférence intergouvernementale sur les négociations d’adhésion de l’UE à l’Ukraine, le quatorzième paquet de sanctions contre la Russie, les engagements de sécurité UE-Ukraine (non contraignants, NDLR) et ils vont laisser passer le régime de sanctions sur les activités déstabilisatrices russes », énumère le diplomate. Soucieux d’apparaître comme irréprochables, Budapest aurait promis de ne pas ralentir les travaux à venir sur le pacte migration et asile, auquel ils sont pourtant opposés.

Il n’est pas dans l’intérêt de la Hongrie de saboter cette présidence. Ce serait prendre le risque de parasiter les grands messages politiques d’Orban et de plomber certaines des priorités qu’il veut voir avancer au cours des six prochains mois. Parmi elles, la compétitivité de l’UE, élevée au rang de mantra alors que le pays connaît d’importantes difficultés économiques. Également au programme, les partenariats stratégiques avec le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord pour lutter contre l’immigration illégale, « l’avancement des relations » entre l’UE et la Turquie, la crise démographique, etc. Budapest entend également braquer les projecteurs sur les pays des Balkans occidentaux qu’il veut voir entrer dans l’UE. Viktor Orban critique la différence de traitement entre l’Ukraine et ces pays.

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36 commentaires
  • anonyme

    le

    Vive la Hongrie et leurs valeurs

  • Dietrich Legrand

    le

    Rn, Orban, bientôt Trump, que des bonnes nouvelles pour notre ami le clown!

  • anonyme

    le

    Excellent, j'espère qu'il fera des gros dégâts dans cette commission de mondialistes qui veulent abattre le nations souveraines.

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