Sans crier gare, la maison mère de Messenger et Instagram coupe les connexions entre les deux messageries. Aucune explication n’est donnée. Il donne un coup d’arrêt à un vaste chantier lancé il y a des années pour unifier tous les services du groupe.

L’idée d’unifier toutes les messageries du groupe Meta a-t-elle vécu ? En tout cas, cette perspective fait un sacré pas en arrière. Comme cela vient d’être constaté, la liaison entre Messenger et Instagram va sauter à la mi-décembre 2023. C’est ce que l’on peut lire dans une page d’assistance, inaccessible en France (sauf à passer par un VPN aux États-Unis).

Meta, la maison mère des applications concernées, ne donne pas d’explication sur ce revirement. Tout juste sait-on que l’on ne pourra plus discuter d’une messagerie à l’autre. Pour converser sur Messenger, il faudra utiliser dorénavant ladite application. Même chose pour Instagram. Le cloisonnement revient entre les deux environnements.

Il est précisé néanmoins que les discussions qui ont eu lieu avant la mi-décembre seront toujours accessibles, en lecture seule. Il ne sera pas possible d’écrire autre chose. Il sera également impossible d’en lancer de nouvelles. D’autres effets sont aussi à prévoir, comme la disparition du statut en ligne ou la notification de lecture d’un message.

Un rapprochement engagé il y a des années

Le rapprochement des messageries appartenant à Meta est un projet qui date d’au moins 2018 — on a commencé à en entendre parler dès janvier 2019. Le chantier a franchi une étape importante en septembre 2020, avec les ponts lancés entre les deux applications. Il restait à intégrer WhatsApp, dont la particularité est d’avoir du chiffrement de bout en bout par défaut.

Cette étape n’a jusqu’à présent pas été remplie — dernièrement, l’échéance évoquée mentionnait l’année 2023. Force est de constater qu’au crépuscule de cette année, ce dernier effort technique n’a pas (encore ?) pu être atteint. On ignore si les défis que peut rencontrer Meta pour unifier toutes les messageries ont pesé dans cette décision.

La décision est d’autant plus difficile à comprendre qu’elle a lieu alors que l’Europe met en place le Digital Markets Act (DMA), qui inclut des dispositions pour forcer l’interopérabilité entre les messageries. L’idée étant que les grands services actuels puissent fonctionner ensemble, mais aussi avec des produits de plus petite taille. On a vu par exemple WhatsApp s’y préparer.

Messenger
Les conversations seront de nouveau séparées. // Source : Facebook

L’entrée en vigueur du DMA est prévue le 6 mars 2024, mais certaines dispositions s’appliquent dès à présent — en particulier pour les entreprises désignées comme des contrôleurs d’accès. Il faut noter toutefois que si Instagram et Messenger sont cités, ils le sont dans des catégories différentes. Le premier est un réseau social, le second est une messagerie (comme WhatsApp).

Meta ne dit pas si cette classification différenciée au regard du DMA a joué. Il n’en demeure pas moins que le réseau social américain prend le risque de s’exposer aux sanctions prévues dans le Digital Markets Act, si la Commission européenne juge qu’il y a faute. À moins, peut-être, que Meta songe à une toute nouvelle plateforme technique, commune à tous ces services ?

Cela reste à voir. Un carrefour global à l’ensemble des écosystèmes de Meta ne serait pas de trop, d’autant que c’est un environnement en croissance : le site communautaire a en effet lancé Threads cet été — pour tenter de tailler des croupières à X (ex-Twitter) et, bien entendu, il a été décidé d’ajouter un service de messagerie privée pour converser entre membres.

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