Face à la contestation, les autorités du Kazakhstan appliquent un procédé tristement habituel : déconnecter le pays. Un moyen d’empêcher les manifestants de communiquer entre eux, ou de partager limages de répression sur les réseaux sociaux.

Rien ne présage une accalmie dans les rue d’Almaty, le centre névralgique du Kazakhstan. Les forces de l’ordre du pays ont annoncé avoir tué des manifestants dans la nuit du 5 au 6 janvier 2022, mais les vidéos de la répression qui affluent dans les chaines Telegram du monde russophone seront peut être les dernières pour le moment : internet est de nouveau coupé dans le pays.

Au minimum des dizaines de morts

Depuis le 5 janvier 2022, des manifestations traversent le Kazakhstan. Cette mobilisation anti-gouvernement a débuté, entre autres, contre l’augmentation des prix du gaz dans ce pays d’Asie-centrale, et a déjà poussé une partie du gouvernement à la démission.

Mais le 5 au soir, les images de de foules d’opposants capturant les équipements du régimes ont laissé place à des scènes de chaos, de pillages, et surtout à la répression dans le sang. On entend les balles fuser dans plusieurs séquences aux contextes encore flous. Selon les informations de l’Afp reprises par le Monde, des dizaines de manifestants ont été tués rien qu’à Almaty, et plus d’un milliers de personnes ont été blessées. Douze policiers sont morts.

Le président du pays, Kassym-Jomart Tokaïev, a décrété l’état d’urgence. Et suite à son appel, les membres de l’Organisation du traité de sécurité collective (OTSC), à savoir l’alliance militaire régionale qui inclue notamment la Russie, ont annoncé à travers le Premier ministre Arménien l’envoi d’une « force collective de maintien de la paix » dans le pays.

Internet coupé depuis le 5 janvier

De rares photos de Reuters montrent ce 6 janvier les rues d’Almaty remplies de militaires. Rares, car à l’arsenal déployé par le régime kazakh pour museler la contestation s’ajoute une pratique tristement habituelle : la coupure d’internet.

Un rapide coup d’œil au trafic en ligne recensé par Cloudflare dans le pays montre un effondrement des connexions à partir du 5 janvier à 10h30 (UTC), soit 16h30 dans le pays. Un moyen d’empêcher les manifestants de communiquer entre eux pour s’organiser, ou que des images de la répression soient partagées sur les réseaux sociaux.

L'évolution du traffic internet Kazakh sur 24h témoigne  // Source : Cloudflare
L’évolution du trafic internet kazakh sur 24h témoigne de sa censure par le gouvernement // Source : Cloudflare

On peut noter un bref retour de la connexion vers 18h30 (UTC). Là aussi, pas de hasard. Comme le relève NetBlocks, ce retour temporaire correspond en fait à l’allocution du président kazakh. Un discours télévisé dans lequel Tokaïev demandait l’assistance de la Russie, juste avant que le réseau soit de nouveau mis hors ligne. Au moment de la rédaction de cet article, l’internet Kazakh est toujours sous une chape de plomb.

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