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Projet oXatan

Fabrice COLIN


Illustration de MANCHU

MANGO Jeunesse , coll. Autres Mondes n� 13
D�p�t l�gal : mai 2002
Premi�re �dition
Roman, 192 pages, cat�gorie / prix : 9 �
ISBN : 2-7404-1393-9
Genre : Science-Fiction



Quatrième de couverture
     «J'ai rêvé de la mort. J'ai rêvé que la mort nous frappait. Un, deux, trois. »
     C'est cette confidence de Phyllis qui m'a décidé à tenir mon journal. Pour parler de nous quatre : Phyllis, Diana, Jester et moi (je m'appelle Arthur), pour raconter enfin cette vie étrange dans le Bunker sous la surveillance de mademoiselle Grâce, notre gouvernante. Le Bunker est une grande maison entourée d'un marais infesté d'alligators, construite au fond d'un cratère martien recouvert d'une jungle où, paraît-il, vivent des ogres. Une prison, quoi.
     Et puis un jour tout s'est accéléré et, comme l'a prédit Phyllis, la mort a frappé.
     Un, deux, trois.
Critiques
     Après une première incursion en territoire SF avec une nouvelle parue dans Les Visages de l'humain (même collection), intitulée Potentiel humain 0,487, Fabrice Colin récidive avec ce roman huis clos, un drame qui se déroule sur treize jours.
     Direction Mars, dans un cratère de 20 km de diamètre, cerné de hautes falaises et d'une forêt artificielle. En son centre, un parc, « L'Eden, sorte de marécage couvert de roseaux et d'arbres gigantesques avec des branches tombantes. Bourré d'alligators et de rats d'eau. » Au milieu du parc, le Bunker : une maison de trois étages, faite de verre, de pierre et de bois, défendue par une clôture. Dans cet endroit protégé et isolé — nid ou prison ? — , vivent cinq personnes : quatre adolescents orphelins, Arthur, le narrateur, Phyllis, Diana et Jester, ainsi que leur mère adoptive de 59 ans, Mademoiselle Grâce, qu'ils appellent MG. Ni tendre, ni méchante, MG veille sur eux — les garde ? — tout en assurant leur éducation et leur formation scolaire. Qui sont ces adolescents ? D'où viennent-ils ? Que font-ils dans ce bunker ? F. Colin garde le mystère entier durant une bonne partie du roman.
     Ils n'ont pas le droit de sortir de la maison construite sur pilotis. Pourtant, ils rêvent d'aventures et d'indépendance et ils aimeraient approcher la pyramide maya située à quelques kilomètres. Profitant d'une absence de MG, les quatre amis décident de franchir l'enceinte du parc et d'explorer la forêt. L'expédition tourne mal, Jester disparaît, Diane rencontre un ogre bleu de trois mètres de haut et le retour à la maison est peu glorieux. MG devient de plus en plus nerveuse, commence à perdre la tête et enferme ses « enfants » pour leur sécurité, leur dit-elle. Arthur décide de s'enfuir lorsqu'il voit un vaisseau spatial approcher ...
     Un roman très bien construit qui tient le lecteur en haleine du début jusqu'à la fin. Colin distille savamment l'angoisse et le suspense, parvenant à faire passer cette atmosphère étouffante et inquiétante qui sourde des marais entourant le Bunker. Il aborde ici deux thèmes importants ; le premier spécifique à la SF traite des manipulations génétiques et de la manière dont un scientifique doué mais inconscient crée des enfants en laboratoire et veut ensuite les protéger des dangers extérieurs, quitte à les enfermer à jamais et à les couper de la vraie vie. Le second traverse toute la littérature pour la jeunesse et montre le passage de l'enfance à l'adolescence, le désir qu'ont tous les enfants — y compris ceux qui seraient fabriqués artificiellement — de s'affranchir, de mener leurs propres expériences, même si elles sont dangereuses, contre leurs parents ou les adultes en général. Ce sujet prend toute sa résonance ici, par la voix du jeune narrateur, Arthur, qui se livre dans son journal intime.

Catherine GENTILE (lui �crire)
Premi�re parution : 21/10/2002 nooSFere


     Imaginez un cratère, sur la planète Mars, deux cents ans après sa terraformation. Au centre, une maison — le Bunker — entourée d'un parc — l'Éden, en fait un véritable marécage infesté d'alligators et de rats d'eau. Par-delà la clôture électrique, une forêt interdite hantée par des ogres à la peau bleue. Au loin, inaccessible, l'imposante silhouette d'une pyramide maya. Et partout, parfois, la sensation d'une présence, d'une Voix qu'on croit entendre sans vraiment la comprendre...
     C'est dans cet étonnant décor que vivent quatre enfants de treize ans, tous orphelins. Adoptés par le richissime cinéaste Armistad, ils vivent dans le Bunker depuis toujours, sous la garde sévère de MG — Mademoiselle Grâce, le seul adulte qu'ils aient jamais vu depuis la disparition de leurs parents, dont ils n'ont gardé qu'un vague souvenir.
     Les quatre enfants pourraient demeurer là toute leur vie, sans bien savoir qui ils sont ni pourquoi ils se terrent dans ce refuge (cette prison ?). Mais comment ne pas céder à la tentation de quitter l'Éden quand la connaissance s'offre à vous ? Les enfants parviennent à un âge où il leur faut braver les interdits, explorer le monde et tenter de comprendre leur univers, au risque de perdre leurs naïves illusions. Qu'y a-t-il hors de l'Éden ? Quelle est la véritable nature des ogres ? Que renferme la pyramide ? Et de quel projet insensé Arthur, Jester, Phyllis et Diana sont-ils les jouets ?
     Situé dans un lieu clos particulièrement étrange et oppressant, Projet oXatan se distingue par une atmosphère angoissante, proche de celle d'un cauchemar. L'un des thèmes du roman, dont on pourrait sans doute tenter une lecture psychanalytique, est d'ailleurs le passage des peurs primitives de l'enfance — l'ogre dans la forêt en est la plus belle illustration — aux inquiétudes de l'adolescence — comme l'interrogation sur ses origines et sa place au sein de l'univers — puis aux craintes de l'adulte — la mort, bien sûr, mais aussi les dérives de la science.
     Car si le malaise suscité évoque au début un roman fantastique, Projet oXatan est bien un roman de science-fiction où chaque bizarrerie reçoit en fin de compte une explication rationnelle ; il est préférable de ne pas en dévoiler davantage et de laisser le lecteur découvrir la réalité sur oXatan. Les thèmes développés seront familiers aux amateurs de SF, mais Fabrice Colin les a brillamment renouvelés en les habillant d'insolite et en y mêlant le terrible parcours initiatique des enfants vers leur maturité et la découverte de leur véritable nature.
     Subtil et envoûtant, ce deuxième ouvrage pour la jeunesse de Fabrice Colin témoigne une fois encore de son habileté à passer d'un genre de l'Imaginaire à l'autre. Bien que dans un registre totalement différent, Projet oXatan est un merveilleux roman, aussi réussi que Les Enfants de la Lune, ce qui n'est pas peu dire...

Pascal PATOZ (lui �crire)
Premi�re parution : 1/9/2002 dans Galaxies 26
Mise en ligne le : 17/2/2004

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