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Un immense tokamak – la chambre de confinement magnétique où se produira l’expérience de fusion nucléaire – est en cours de construction à Saint-Paul-lez-Durance dans les Bouches-du-Rhône. Mais les premières expérimentations destinées à évaluer le potentiel commercial de la fusion nucléaire viennent d’être repoussées par le directeur général d’Iter Organization, le Français Bernard Bigot, qui a repris en mars 2015 la barre de ce projet à la peine.
Ce dernier a mené une opération vérité sur les délais et les coûts, dont l’ampleur a surpris les partenaires du projet. Verdict: le premier plasma, un gaz chargé électriquement et nécessaire à la fusion d’atomes, ne sera pas produit avant 2025 et non 2020 comme prévu, a déclaré Bernard Bigot à l’AFP. «Le réacteur atteindra sa pleine puissance en 2035 et non en 2025-2027 comme envisagé», a-t-il ajouté.
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Ce n’est pas la première fois que le projet Iter prend du retard. Et c’est ce qui explique la flambée de son coût. Estimé au départ à 5 milliards d’euros, il était déjà passé, selon M. Bigot, «à 14 milliards d’euros pour la période 2007-2020». Il est désormais évalué à 18,6 milliards (2007 à 2035). Soit plus du triple des estimations initiales.
Iter est financé par sept partenaires – Union européenne, Etats-Unis, Russie, Japon, Chine, Inde, Corée du Sud. Quarante-cinq pour cent de cet investissement public seront à la charge de l’Europe (les 28 pays de l’UE plus la Suisse).
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Tous devront remplir la tirelire de 4 milliards d’euros d’argent public pour les dix ans à venir puis 600 millions d’euros pour aller jusqu’en 2035, précise M. Bigot.
Pour l’Europe, cela représente un surcoût de 2 milliards d’euros. La France, qui accueille Iter, doit y participer à hauteur de 20% (soit 400 millions) et l’Allemagne de 13%.
Quant à la participation du Royaume-Uni, elle n’est pas remise en cause par le Brexit, veut croire Bernard Bigot. Son engagement «relève du traité Euratom instituant la Communauté européenne de l’énergie atomique», a déclaré à l’AFP Bernard Bigot. Il est distinct du traité qui a créé le marché commun européen, même s’il a été signé lui aussi à Rome le 25 mars 1957. «Je pense que la Grande-Bretagne, qui est intéressée à la fusion nucléaire, va souhaiter demeurer un partenaire», ajoute-t-il.