C’est quoi Coco, ce site de rencontre connu pour être associé à des guets-apens meurtriers ?

Créé il y a vingt ans, Coco.gg est une nouvelle fois au cœur de l’actualité suite au guet-apens meurtrier de Philippe organisé par des mineurs via ce site de rencontre. Que sait-on sur ce tchat en ligne trop facilement accessible ?

Le site coco.fr, devenu coco.gg, est tristement connu pour être la plaque tournante de pratiques illégales en tout genre. LP/ Simon Gourru
Le site coco.fr, devenu coco.gg, est tristement connu pour être la plaque tournante de pratiques illégales en tout genre. LP/ Simon Gourru

    Un nouveau guet-apens effroyable. Dans la nuit du lundi 15 au mardi 16 avril, Philippe C., un jeune homme de 23 ans, a été retrouvé inconscient, gisant au sol sur un parking à Grande-Synthe (Nord). Immédiatement transféré au centre hospitalier de Lille, il est décédé des suites de ses blessures dans la soirée de mardi.

    Accusés d’avoir battu à mort ce travailleur social, deux adolescents de 14 et 15 ans lui auraient tendu un piège à partir du site de rencontre Coco.gg, en se faisant passer pour une jeune fille désireuse de faire une rencontre amoureuse.

    Ce tchat en ligne fait partie de ces sites très souvent cités dans les affaires de guet-apens ultra-violents, notamment certains visant les personnes homosexuelles. Avant le meurtre de Philippe C. en début de semaine, de nombreux pièges ont été organisés par des agresseurs homophobes pour frapper, voler ou parfois tuer des homosexuels après leur avoir donné un lieu de rendez-vous sur le tchat en ligne.

    Sur ce site qui se définit comme « le premier site de tchat gratuit en ligne » et comme « un réseau social où vous pouvez retrouver vos amis », le mode opératoire est souvent le même. Une personne est chargée d’alpaguer une proie, discute avec elle pour la mettre en confiance, lui donne un lieu de rendez-vous pour la rencontrer, avant de la rediriger vers plusieurs hommes qui passent à tabac et dépouillent la victime.



    Axé sur la facilité, Coco n’exige pas de créer de compte pour s’inscrire et utiliser le tchat, mais seulement un pseudonyme, le sexe, le code postal et l’âge. Pour ce dernier point, si le site affirme qu’il faut être majeur pour pouvoir discuter avec d’autres utilisateurs, aucune vérification n’est effectuée et n’importe quel utilisateur peut indiquer qu’il est majeur. Aucune modération n’est assurée et les clichés illicites circulent à foison sur la plate-forme.

    Un profil créé en quelques secondes

    En moins de trente secondes, Le Parisien a pu se créer un faux profil de jeune homme de 19 ans sur le site et, en l’espace de quelques messages, de nombreux messages pullulaient sur notre messagerie, mêlant tout type de propositions, presque à chaque fois sexuelles. Parmi les quatre personnes avec qui Le Parisien a échangé, deux d’entre elles ont très rapidement proposé un rendez-vous, en physique, dans la rue le soir même ou lendemain de notre échange.

    Hébergé sur l’île britannique de Guernesey, Coco est détenu par une société nommée « Vinci SA » (NDLR, qui n’a aucun lien avec le groupe de concessions et de BTP français), rendant très difficile l’obtention des identifications des agresseurs par les autorités françaises.

    C’est ce manque de moyens de vérification d’identité efficaces qui est régulièrement critiqué car il permet aux agresseurs ou autres prédateurs sexuels de commettre des actes répréhensibles en tout anonymat. Invité sur RTL au mois d’octobre dernier, Baptiste Garaud de l’association SOS Homophobie, réclamait l’interdiction du site par les fournisseurs d’accès. Selon lui, le dispositif juridique existe pour demander aux fournisseurs d’accès Internet de fermer le site, ou du moins bloquer son accès en France.

    Si le site Coco est revenu au centre des débats cette semaine suite au meurtre de Philippe, c’est depuis 2021 qu’il fait parler de lui pour de mauvaises raisons, suite à l’affaire des 83 violeurs du Vaucluse. Entre 2011 et 2020, un retraité livrait sa femme, à son insu grâce à des sédatifs, à plusieurs dizaines d’inconnus « recrutés » sur Coco pour qu’ils la violent et assouvissent ses fantasmes.

    Pédophilie, trafic de drogue ou encore trafic d’armes

    Il y a tout juste un an, au mois d’avril dernier, un homme de 40 ans racontait au Populaire du Centre comment il a été ligoté, frappé, racketté puis humilié pendant une heure et demie par un homme qui lui a tendu un piège pendant ce qui devait être un rendez-vous galant sur Coco. Un cas parmi tant d’autres qui s’est déroulé à Limoges (Haute-Vienne), où un réseau opérerait puisque pas moins de vingt cas d’agressions ont été recensés via Coco.gg depuis la fin de l’année 2022.

    Ce site à l’interface minimaliste et vieillissante qui se présente comme un site « sympa » de dialogue entre internautes est également pointé du doigt suite à des affaires de pédophilie, de trafic de drogue ou encore de trafic d’armes. Si Coco conserve les données du site et les remet aux autorités à leur demande, le simple maintien du site permet à de nombreux prédateurs de continuer à opérer.

    Lancée en 2019, une pétition en ligne a recueilli plus de 19 000 signatures à ce jour pour attirer l’attention sur ce « site malsain », décrit notamment comme un « repaire à pédophile ».