N’abandonnons pas les familles aux besoins atypiques

Le Québec n’est pas actuellement prêt pour répondre adéquatement aux besoins atypiques de ces nombreuses familles.
Renaud Philippe Le Devoir Le Québec n’est pas actuellement prêt pour répondre adéquatement aux besoins atypiques de ces nombreuses familles.

Avant la pandémie, un très large consensus s’est créé autour de l’importance d’agir tôt pour soutenir ledéveloppement des enfants de 0 à 5 ans. En mai 2018, le gouvernement du Québec annonçait l’implantation, avec investissements importants à la clé, du programme Agir tôt, dont l’une des conditions de succès est de pouvoir compter sur l’appui des divers intervenants qui sont en contact avec les tout-petits au quotidien.

Contrairement aux enfants d’âge scolaire, ces tout-petits ne fréquentent pas une même et unique structure. Ils sont plutôt dispersés dans divers types de services de garde, et 156 000 d’entre eux sont dits « hors réseaux », car ils ne fréquentent aucun service de garde régi. Plusieurs raisons peuvent expliquer cette non-fréquentation, et l’une d’entre elles est que le réseau des services de garde éducatifs à l’enfance (SGEE) n’offre pas de services adaptés à leurs besoins ou réalités.

Ces besoins sont nombreux et diversifiés. Parmi ceux-ci, on retrouve des familles qui veulent avoir accès à un horaire flexible ou à quelques heures de répit, celles qui sont inscrites dans des programmes de francisation ou d’insertion professionnelle, celles qui vivent des situations d’urgence, par exemple liées à l’état de santé de l’un des parents, des mères ou des pères en recherche d’emploi, des familles qui ont des horaires de travail atypiques, ou encore des familles immigrantes ou demandeuses d’asile.

Or, le Québec n’est pas actuellement prêt pour répondre adéquatement aux besoins atypiques de ces nombreuses familles.

Rappelons que les parents sont les premiers et principaux éducateurs de leurs enfants. Ils prennent leurs décisions en tenant compte de leur réalité quotidienne, mais nous avons le devoir de les appuyer en leur fournissant des services adéquats.

Le gouvernement actuel, et particulièrement le premier ministre Legault, a affirmé à de nombreuses reprises notre responsabilité collective afin que chaque enfant puisse réaliser son plein potentiel. S’il faut continuer à développer de nouvelles places en CPE, pour répondre aux besoins des familles qui travaillent à temps plein, il est impératif de ne pas laisser de côté celles qui souhaitent avoir accès à une offre de service qui correspond à leur situation. Qui plus est, avec les risques associés à la pandémie de COVID-19 et la normalisation du télétravail, le nombre de parents ayant des besoins atypiques augmentera de manière significative.

Nous croyons donc essentiel de compléter rapidement l’offre des services de garde québécois en offrant des services, à temps partiel ou occasionnel, appuyés par un programme éducatif reconnu, afin de donner la possibilité à chaque tout-petit de se développer de façon optimale et à aux parents d’exercer leur rôle de premiers éducateurs dans des conditions également optimales.

* Liste des signataires : Nicolas Berthelot, UQTR; Claire Chamberland, UdeM; Marie-Ève Clément, UQO; Denise Côté, UQAT; Francine de Montigny, UQO; Annie Devault, UQO; Lyne Douville, UQTR; Sonia Dubé, UQAR; Diane Dubeau, UQO; Sarah Dufour, UdeM; Karine Dubois-Comtois, UQTR; Patricia Germain, UQTR; Christine Gervais, UQO; Mireille Joussemet, UdeM; Carl Lacharité, UQTR; Vicky Lafantaisie, UQO; Julie Lefebvre, UQTR; Roxanne Lemieux, UQTR; Sophie Mathieu, TELUQ; Tristan Milot, UQTR; Geneviève Roch, ULaval; Mónica Ruiz-Casares, UMcGill; Thomas Saïas, UQAM; Diane St-Laurent, UQTR; George Tarabulsy, ULaval et Diane-Gabrielle Tremblay, TELUQ

 

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