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Cibler la surface des cellules leucémiques par des immunothérapies

Publié le 25 juin 2024

Les immunothérapies, des approches plus naturelles et moins toxiques que les chimiothérapies, ont connu des avancées majeures dans les dernières années. Elles demeurent toutefois peu exploitées dans le traitement des leucémies myéloïdes aiguës (LMA), un type de leucémies particulièrement hétérogènes génétiquement et difficiles à traiter. Le groupe Leucégène, dirigé par Guy Sauvageau (Unité de recherche en génétique moléculaire des cellules souches de l’IRIC) et Josée Hébert (Centre de recherche de l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont), et impliquant les équipes de Philippe Roux, Sébastien Lemieux et Pierre Thibault à l’IRIC, ainsi que de Vincent-Philippe Lavallée au Centre de recherche du CHU Ste-Justine, a développé une nouvelle approche pour analyser les molécules présentes à la surface des cellules leucémiques. Leur travail a permis d’identifier, dans des spécimens de LMA, de nouvelles cibles à fort potentiel pour des immunothérapies. L’étude a été menée par Marie-Ève Bordeleau, directrice adjointe du laboratoire Sauvageau, et fait l’objet d’une publication dans le journal Cell Reports.

 

Des réponses à la surface des cellules

Pour identifier de nouvelles façons de cibler les LMAs, le groupe Leucégène a développé une approche puissante, qui permet d’analyser l’ensemble des protéines présentes à la surface des cellules leucémiques. L’équipe a ainsi analysé 100 spécimens de LMA humains génétiquement distincts, ce qui représente le plus grand jeu de données de ce type analysé à ce jour. En croisant ces données avec des résultats de séquençage d’ARN, le groupe a bâti l’atlas LASA (Leucegene AML Surfaceome Atlas), un outil bio-informatique rendu disponible gratuitement pour toute la communauté scientifique.

 

Un potentiel thérapeutique à exploiter

Par l’approche développée, l’équipe a pu identifier des antigènes (protéines pouvant être reconnues par le système immunitaire) ainsi que des marqueurs spécifiques à des sous-populations distinctes de cellules de LMA.

Certains antigènes identifiés sont la cible d’anticorps thérapeutiques existants, qui sont déjà en évaluation clinique pour d’autres maladies; ces anticorps pourraient être « réaffectés » et testés dans un contexte de LMA. D’autres antigènes possèdent quant à eux un profil de sécurité favorable à leur utilisation en clinique; comme ils ne sont pas présentés par les cellules saines, il pourrait être intéressant de développer des anticorps thérapeutiques les ciblant.

En somme, l’étude ouvre la voie à l’exploitation de stratégies immunothérapeutiques pour déjouer la grande variabilité génétique des LMAs, et contribuer à améliorer les pronostics pour les personnes atteintes.

 

Étude citée

Bordeleau M-E, Audemard É, Métois A, Theret L, Lisi V, Farah A, Spinella J-F, Chagraoui J, Moujaber O, Aubert L, Khakipoor B, Mallinger L, Boivin I, Mayotte N, Hajmirza, Bonneil, É, Béliveau F, Pfammatter S, Feghaly A, Boucher G, Gendron P, Thibault P, Barabé F, Lemieux S, Richard-Carpentier G, Hébert J, Lavallée V-P, Roux P.P, Sauvageau G. Immunotherapeutic targeting of surfaceome heterogeneity in AML. Cell Reports, 2024. https://doi.org/10.1016/j.celrep.2024.114260