Voilà une bien curieuse histoire. Dans ce deuxième tome du Cycle des contrées, qui succède à l'unique Les Jardins statuaires, Barthélémy Lécriveur, s'exilant de la forêt des hautes brandes où il vivait parmi sa communauté de bûcherons, prend la route de Terrèbre, capitale de l'Empire. Lui-même ne se l'explique pas, et c'est comme si ses pas le portaient, doués d'une volonté propre, attirés par le cœur intangible des contrées...
Après certaines tribulations sur la route et dans la grande ville, l'ancien forestier trouve une offre d'emploi par le biais de l'aubergiste chez qui il gîte. Il s'agit d'un travail dans un étrange et colossal entrepôt. Un travail de veilleur... de jour. Sa mission ? Rester alerte pour pouvoir accueillir la personne dont la légende raconte qu'elle réclamera pour elle l'édifice et le cimetière antique qu'il enclot.
L'insoupçonné, le très discret héros du Veilleur du jour fait la rencontre de nombreux personnages aux destins inaccoutumés qui chacun à sa manière vont l'éclairer sur l'histoire de la monumentale bâtisse, tandis que son intériorité nous reste celée, comme à lui-même. Les alias se dédoublent autour de sa mystérieuse personne, conduisant à autant de destins en trompe-l'œil. Finalement, le passé personnel de Barthélémy Lécriveur (?) / Léo Barthe (?) s'obscurcit toujours un peu plus à mesure que l'histoire avance.
Dans le même temps, l'histoire de l'Empire prend un cours périlleux où la conspiration politique et l'insurrection militaire s'accompagnent de l'arrivée de barbares sur les frontières que les officiers rebelles ont dégarnies par leur soulèvement contre Terrèbre. Et pourtant... c'est comme si le chancelier Lonvois avait prémédité, sinon encouragé ces troubles pour se donner l'occasion de restaurer la paix civile, et avec elle, donner à son pouvoir personnel une exclusivité pratiquement totale. Rien ne va plus, et le pays semble à l'orée d'une ère de grands bouleversements.
[image] Carte des Contrées
II. Mon avis
Ce roman à sa manière réécrit l'histoire du personnage principal des Jardins statuaires, en le faisant venir d'un ailleurs nébuleux pour atteindre un établissement de la puissante et crainte Guilde des Hôteliers. On y retrouve encore le goût de l'enquête historique et archéologique qui faisait la saveur du premier volet, où les Jardiniers en disaient beaucoup moins sur leurs coutumes que leur volontarisme le laissait paraître d'abord. On se trouvait donc à partager le sort du personnage étranger, qui cherche à organiser ce qu'il observe pour établir un récit qui fait sens.
Pourtant, assez vite une différence s'établit entre les deux histoires. Je trouve que la quête personnelle et historique du héros des Jardins a plus d'ampleur et de souffle que celle de Barthélémy, qui s'égaille et s'égare assez vite, sans rien pousser à fond. C'est peut-être que l'objet d'étude : le passé de Barthélémy, la ville de Terrèbre, le grand monument, n'ont pas proprement de fond ? Barthélémy est un homme en errance, à l'image de cette nuit qu'il a passée à baguenauder dans les rues de la capitale, en proie à une fameuse angoisse. Barthélémy ne sort jamais vraiment de sa nuit intérieure. Ses rencontres se nouent et se dénouent, se succèdent sans former de suite... Un peu comme s'il était l'incarnation des mille phases que chacun traverse dans une vie, sans qu'elles aient de sens toujours bien transcendant dans leur apparition et leur dissolution.
Dans le même temps, les personnages qui le côtoient disent ou du moins sentent en lui une réserve infinie de disponibilité, d'écoute, de veille portée à toute chose et aucune plus particulièrement qu'une autre. Au point de rappeler une observation étrange, et pourtant juste, d'Édouard dans Les Faux-monnayeurs d'André Gide :
« si je n'étais là pour les accointer, mon être du matin ne reconnaîtrait pas celui du soir. Rien ne saurait être plus différent de moi, que moi-même. Ce n'est que dans la solitude que parfois le substrat m'apparaît et que j'atteins à une certaine continuité foncière ; mais alors il me semble que ma vie s'alentit, s'arrête et que je vais proprement cesser d'être. Mon cœur ne bat que par sympathie ; je ne vis que par autrui ; par procuration [...] et ne me sens jamais vivre plus intensément que quand je m'échappe à moi-même pour devenir n'importe qui. »
Un élément de l'intrigue m'a plus durablement marqué que les autres, plus encore que les rêves violents qui assiègent le héros en début de volume. À un certain stade, Barthélémy quitte sa chambre à l'auberge pour emménager sur son lieu de travail, l'étrange entrepôt. Il commence alors à partager ses journées : à nettoyer, désherber, repeupler le cimetière dans leur première partie ; à étudier l'herméneutique du lieu, explorer l'"entrepôt", déchiffrer ses signes dans la seconde. J'y vois la quête et la culture d'une forme modeste de plénitude. L'accomplissement d'une vie dans le travail physique et spirituel librement consenti, et comme devenu rite ou jeu.
Le recueil annuel de textes courts édités par les éditions l'Atalante à l'occasion du festival Utopiales. J'aime beaucoup la variété dMobile planétaire
Le recueil annuel de textes courts édités par les éditions l'Atalante à l'occasion du festival Utopiales. J'aime beaucoup la variété de styles et de tons dans celui-ci, qui vont du tragique au bouffon en passant par le malicieux. De bons moments de lecture pour le plaisir d'explorer les mondes imaginaires, plus inventifs les uns que les autres.
DREAMER - Chris Vuklisevic ****
La boucle de Zurvan - Olivier Gechter *** (reminiscent of The Rite of Trebizond in The Collected Connoisseur)
Incorrompues - Christiane Vadnais ***
Entretien avec Kim Stanley Robinson, Socialter #54, Octobre 2020 ***
Alexandrie brûlera deux fois - Elisa Beiram **
L'école des rebooteux — Jean Baret ****
Encore cinq ans - Audrey Pleynet *****
N'utilisez pas le dixième bouton **** (style proche de Fredric Brown)
Read on Tara's suggestion, this collection of four weird, horrific short stories turned out to be a deligthful surprise!
In each of the four stories, the development is aptly done in an impressionistic, meandering way leaving much to imagination. Actually, it's only once you have fished a certain mass of apparently isolated factoids and micro-events that you can catch a glimpse of the whole picture... But then, the whole picture is made much more efficient as you are the one piecing it together, and it won't leave you anytime soon... ;) Clever trick if there ever was one!
My reservations mainly concern the sometimes protracted length of characterization and description due to the use of this narrative technique, but in the end I have found all four short stories evidently worth the time taken to make it through the development, since it worked wonders in every one of them! :)
- Children of the Kingdom ****
Quote: 'On a certain spring evening several years ago, after an unsuccessful interview in Boston for a job I’d thought was mine, I missed the last rain back to New York and was forced to take the eleven-thirty bus.'
Quote: 'His way to the cabinets was blocked by the dilapidated wreck of a bureau and, propped against it, the shell of a medicine chest, its door sagging open, the mirror somehow intact. He avoided looking at his image as he stepped past it: an old fear, resurrected in the faint attic light, to see some other face looking back at him.'
Quote: 'Here the tale degenerates into an unsifted collection of items which may or may not be related: pieces of a puzzle for those who fancy themselves puzzle fans, a random swarm of dots, and in the center, a wide unwinking eye.'
Quote: 'By the time he'd reached high school, he'd discovered that, with a little intellectual effort, he could justify damned near anything—and it certainly helped stave off despair.'
This time, we find ourselves aboard a ship plagued by persistent rumours of being renowned to supeSpooky Spot
'And then the next thing came--the mist.'
This time, we find ourselves aboard a ship plagued by persistent rumours of being renowned to supernatural stowaways... Soon the rumours are too much to be merely talked away...
While the atmosphere is gradually escalating throughout the story, the veritable storm of exposition through seaman lingo and lexicon are the death of momentum and narrative efficience... The ship is much sooner foundering under the deluge of dialogues than it is in the actual story ;)
Some moments truly elicited something akin to excitation, so... 3/5 it is!
Thanks to Extra Seasoned Tar for this nice bit of buddy read! I'm looking forward to the next voyage :)
This collection of loosely interconnected short stories offers a genuinely delightful read, reminiscent of BorgesPervasive Magnificence of the Liminal
This collection of loosely interconnected short stories offers a genuinely delightful read, reminiscent of Borges, books dealing with ancient sites and personal weird fiction favourites, while boasting a keenly personal style and storytelling.
Mostly happening in the late 19th to early 20th century era, the stories multiply around a set of central motifs, like refracted light in a kaleidoscope: crumbling empires, obscure legends - urban or otherwise -, rare book collecting, elusive languages, historico-literary quests, a myriad of potential alternative pasts... What truly wins me over is the way each of these pieces begins in a factual, down-to-earth way, then slowly accumulating thought-provoking factoids, possibilities as melancholy to the soul as they are exciting to the mind, without ever losing their realist background in the end. Reading them feels as though you were expanding the scope and accuracy of your attentions to tiny objects not quite taken into account before... A treat for you both, lover of the contemplative and of the speculative.
My grateful thanks go to Forrest Aguirre for his valuable piece of advice. What a wonderful writer indeed.
List of contents: The 1909 Proserpine Prize **** Carden in Capaea *** White Pages **** The Inner Sentinel ***** The Dawn at Tzern **** The White Sea Company **** Undergrowth *** The Seer of Trieste **** Their Dark and Starry Mirrors **** The Bookshop in Novy Svet ***** The Box of Idols *** The Axholme Toll ***** A Walled Garden on the Bosphorus ***** The Mascarons of the Late Empire *****
'My call was to speak it thoroughly, to the last moment, in every detail as it was for me, and when I finish my lungs will finallAn Outcast's Progress
'My call was to speak it thoroughly, to the last moment, in every detail as it was for me, and when I finish my lungs will finally fail and I will give myself up once and for all, but my lungs will hold me until I finish. I'm not finished.'
Without a doubt, what I loved the most about this powerful otherworldly short novel is how almost everything feels so disconcerting that you soon get the notion that anything can happen at the turn of a page. And anything does. Things along those lines, for instance:
'The minister simply plunged his two front paws through the door and seized both sides of the jamb, tearing them out and much of the wall as well.[...]The minister lunged forward and seized him, then bounded out into the street again.[...]I watched its blank, inhuman face, with lidless protruding eyes that saw in all directions, and this terrified me and attracted me [the same way that Wite terrifies and attracts me.]'
This is a story where one character, followed and worshipped by our narrator, undergoes a truly mind-bending transformation. One of the most disturbing elements I have ever faced in this genre to date. Counting Clarke Ashton Smith's Yondo and Zothique.
Over all, this was a masterful, wonderful, delightful dive in a unmistakably weird world, and I would like to recommend it to each and every reader looking for the poetry of what lies beyond the borders of normalcy! Beginning with the odd narrator and its unfathomable motives - till the end.
It is a rare occurence when I'm feeling as though I were stranded in a land devoid of familiar bearings for such a length of time. What an sheerly enrapturing experience!
I am certain I will venture again in the baffling visions of this highly idiosyncratic writer. The Divinity Student might very well come next, and soon indeed!
'Once things have become hopeless, it becomes possible to write.'
'Que dois-je faire. Je ne vois partout qu’obscurités. Croirai-je que je ne suis rien ? Croirai-je que je suis dieu ?' Blaise Pascal
THE STORY:
On a basic level, a horror story involving a mysterious young woman who miraculously survived a volcanic eruption on the one hand, seemingly endowed with special faculties, and a chilling cult leader set on achieving godhood using her as a sort of mystical vessel...
MY OPINION:
This stunning manga poses apt questions about transcendent spiritualism, in an downright disturbing manner. My favourite part about it is the way the timeline is all jumbled to fit in the odd events of the story. I will certainly remember this one manga, alongside Remina when I will have forgotten everything else by Junji Ito... This sense of timelessness feels as haunting, as addictive as, say, The Three Stigmata of Palmer Eldritch by Philip K. Dick, or Canto general by Pablo Neruda...
[image] Kiyokami village, covered by golden "Angel Hair"
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'I am the one who created the universe. I am its Great Creator. Well, more precisely I will become so.
Rocks, winds, liquids and gas... only exist because I perceive them. And the cosmos is only real because I inhabit it.'
[image] Dixit the genuine fruitcake Kagerou Aido
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An excerpt from Les Pensées by Blaise Pascal:
'Que l'homme contemple donc la nature entière dans sa haute et pleine majesté, qu'il éloigne sa vue des objets bas qui l'environnent. Qu'il regarde cette éclatante lumière, mise comme une lampe éternelle pour éclairer l'univers, que la terre lui paraisse comme un point au prix du vaste tour que cet astre décrit et qu'il s'étonne de ce que ce vaste tour lui-même n'est qu'une pointe très délicate à l'égard de celui que les astres qui roulent dans le firmament embrassent. Mais si notre vue s'arrête là, que l'imagination passe outre; elle se lassera plutôt de concevoir, que la nature de fournir. Tout ce monde visible n'est qu'un trait imperceptible dans l'ample sein de la nature. Nulle idée n'en approche. Nous avons beau enfler nos conceptions au-delà des espaces imaginables, nous n'enfantons que des atomes, au prix de la réalité des choses. C'est une sphère dont le centre est partout, la circonférence nulle part. Enfin, c'est le plus grand caractère sensible de la toute puissance de Dieu, que notre imagination se perde dans cette pensée. Que l'homme, étant revenu à soi, considère ce qu'il est au prix de ce qui est; qu'il se regarde comme égaré dans ce canton détourné de la nature; et que de ce petit cachot où il se trouve logé, j'entends l'univers, il apprenne à estimer la terre, les royaumes, les villes et soi-même son juste prix. Qu'est-ce qu'un homme dans l'infini ? Mais pour lui présenter un autre prodige aussi étonnant, qu'il recherche dans ce qu'il connaît les choses les plus délicates. Qu'un ciron lui offre dans la petitesse de son corps des parties incomparablement plus petites, des jambes avec des jointures, des veines dans ces jambes, du sang dans ces veines, des humeurs dans ce sang, des gouttes dans ces humeurs, des vapeurs dans ces gouttes; que, divisant encore ces dernières choses, il épuise ses forces en ces conceptions, et que le dernier objet où il peut arriver soit maintenant celui de notre discours; il pensera peut-être que c'est là l'extrême petitesse de la nature. Je veux lui faire voir là dedans un abîme nouveau. Je lui veux peindre non seulement l'univers visible, mais l'immensité qu'on peut concevoir de la nature, dans l'enceinte de ce raccourci d'atome. Qu'il y voie une infinité d'univers, dont chacun a son firmament, ses planètes, sa terre, en la même proportion que le monde visible; dans cette terre, des animaux, et enfin des cirons, dans lesquels il retrouvera ce que les premiers ont donné; et trouvant encore dans les autres la même chose sans fin et sans repos, qu'il se perde dans ses merveilles, aussi étonnantes dans leur petitesse que les autres par leur étendue; car qui n'admirera que notre corps, qui tantôt n'était pas perceptible dans l'univers, imperceptible lui-même dans le sein du tout, soit à présent un colosse, un monde, ou plutôt un tout, à l'égard du néant où l'on ne peut arriver ? Qui se considérera de la sorte s'effrayera de soi-même, et, se considérant soutenu dans la masse que la nature lui a donnée, entre ces deux abîmes de l'infini et du néant, il tremblera dans la vue de ces merveilles; et je crois que sa curiosité, se changeant en admiration, il sera plus disposé à les contempler en silence qu'à les rechercher avec présomption. Car enfin qu'est-ce que l'homme dans la nature ? Un néant à l'égard de l'infini, un tout à l'égard du néant, un milieu entre rien et tout. Infiniment éloigné de comprendre les extrêmes, la fin des choses et leur principe sont pour lui invinciblement cachés dans un secret impénétrable, également incapable de voir le néant d'où il est tiré, et l'infini où il est englouti.
Le Gouffre, a poem by Charles Baudelaire:
Pascal avait son gouffre, avec lui se mouvant. - Hélas ! tout est abîme, - action, désir, rêve, Parole ! Et sur mon poil qui tout droit se relève Maintes fois de la Peur je sens passer le vent. En haut, en bas, partout, la profondeur, la grève, Le silence, l'espace affreux et captivant... Sur le fond de mes nuits Dieu de son doigt savant Dessine un cauchemar multiforme et sans trêve. J'ai peur du sommeil comme on a peur d'un grand trou, Tout plein de vague horreur, menant on ne sait où ; Je ne vois qu'infini par toutes les fenêtres, Et mon esprit, toujours du vertige hanté, Jalouse du néant l'insensibilité. Ah ! ne jamais sortir des Nombres et des Etres !
This the story of Low Loom Column, a student in a local academy of Narrators in the Alak Empire, drafted in the army, sent to an ouLiminal territories
This the story of Low Loom Column, a student in a local academy of Narrators in the Alak Empire, drafted in the army, sent to an out-and-out disquieting island from which no foreigner ever returned... The weird in this Weird novel shows up at the very onset, and only strenghtens on the road to the military theater, escalating to bewildering peaks of oddity, disorientation and widespread doom.
I was keen on reading this one, following my discovery of the writer with the delightfully weird The Traitor (2007) and its endlessly puzzling main character.
Deep down, I can see many similar traits between the two: be it the unorthodox main character, the unforeseen life-changing journey, the strong, singular characters met on the way, the subtle mix of literary elements from the Gothic, the fantastic, fantasy, science fiction, war fiction; both stories demand that the reader pieces together their own interpretation of the behaviour and mind states of the main characters.
At the same time, the story of the Narrator is profoundly original, and boasts some acutely otherworldy moments, much more so than in The Traitor, which did not lack them in the first place. It is precisely there that the main difference lies between these two stories. The frenzy in The Narrator reaches actual summits that were mostly alluded to, left to imagination in the former novel. I have found the former approach much more efficient, as far as immersion and pervading weirdness go. The Traitor, by leaving a seemingly familiar environment as a pasture to the reader's eye, allows you to formulate assumptions, to consider some elements as part of the scenery, to envision certain characters as certain archetypes or a complex medley of familiar literary characters. Wite in particular, but that also applies to Wite's sister and to the namesake 'Traitor' himself. In The Narrator, you don't have this luxury, its world is thoroughly strange, wild, almost ineffable from the start (view spoiler)[What a madcap foray into the very limits of language indeed... (hide spoiler)], which doesn't lack irony, as we are to follow a Narrator, after all. On another note, you are left to suppose how much does the Narrator make things happen before or as he perceives them. Note that in the story there is one specific moment when we are faced with the baleful apparition of a dreamer, that is a sort of sleepwalker that dreams up the world where Low and the other protagonists fret and get busy... How much of a dreamer he is, himself? Who knows? All seems to be left to your personal reading.
As much as I prize its creative licence, I can't say I felt any sort of bond with the characters - Low, Makemin, Punkinflake included -, neither did I any form of connexion to its bizarre, shifting imbroglio of a world. Perhaps that was not the aim. Saskia might have struck a chord, but in the end she proved to me as illegible as the rest of the characters. The concluding chapter only stirred the pot even more, and did not help me construing anything approaching a definite impression about this disjointed novel.
In the end, I settle on three stars, for the sake of some sparse memorable moments of deep confusion: the odd romantic trysts, the strolls with the Death priests, the encounters with the Predicanten and the spine-chilling Edeks, some acutely disturbing dreams or dreamlike visions, the drafting of the inmates of a prison-asylum, the sceneries in the remote island where the absurd war between the Alak and the "blackbirds" rages on... In short, a collection of pictures of the Sublime, as ephemeral, as haunting and fleeting as a fever dream.
L'histoire du maître tatoueur Seikichi, en quête de la femme qui saura porter son futur chef-d'œuvre. Une nouvelle menée de main de maître par Jun'ichirō Tanizaki, qui soumet la jeune femme et le tatoueur à une étonnante métamorphose en si peu de pages (23 pages format poche et grande police dans l'édition que j'annote).
Le récit des jeux équivoques auxquels s'adonnent le narrateur, ses camarades de classe Senkichi, Shin'ichi et la sœur de ce dernier, Mitsuko. Une nouvelle qui me rappelle l'effroyable 地獄変 de Ryūnosuke Akutagawa traduite par 'Figures infernales' dans l'édition française, pour les trésors de perversité que renferment des personnages en apparence anodins.
Ma nouvelle préférée du recueil. Il s'agit d'un homme lassé par la vie mondaine, que tout déçoit, au bord de l'épuisement nerveux. Cet homme rompt brusquement les relations avec ses proches et les gens qu'il côtoie pour se mettre à la recherche d'une retraite, au sein même de sa ville de Tokyo. Il en vient à cultiver un goût profond pour le mystère et les plaisirs vifs qu'il lui procure, en se déguisant pour tromper son monde. Seulement... il s'aperçoit bientôt... qu'il n'est pas le seul à priser ces jouissances troubles dans la capitale.