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Comment la série Parlement décrypte avec humour les institutions européennes

Samy est joué par le brillant Xavier Lacaille.
Samy est joué par le brillant Xavier Lacaille. Ch.Lartige / Christophe LARTIGE - Cinétévé - FTV

DÉCRYPTAGE - La comédie politique de France Télévisions tournait ce printemps sa dernière saison, qui plonge dans l'Olympe d'un Conseil européen. TV Magazine est allé sur le tournage à Strasbourg.

« Au Kirghizstan, les ONG nous alertent sur l'état des institutions démocratiques. Ce serait bien de se rendre sur place pour être emprisonnés à la place des activistes. Il faut qu'on sorte de notre petit confort de parlementaires et qu'on aille auprès des populations et se battre avec eux. » Fin mars, des rires et des envolées lyriques émanaient d'une des salles de commission du Parlement européen de Strasbourg. Non, les députés sortants ne cherchaient pas à terminer leur mandat sur un coup d'éclat. En revanche, les héros de la comédie politique Parlement, oui ! La série de France Télévisions, qui décrypte avec un humour absurde les arcanes de l'UE des Vingt-Sept, bouclait ce printemps le tournage de sa quatrième et dernière saison.

Lancée en 2020, la fiction suit les péripéties de Samy. Parachuté assistant parlementaire, il découvre sur le tas les règles des institutions. Le novice gaffeur mais tenace faisait son chemin, poussant un amendement interdisant le finning (le prélèvement d'ailerons sur des requins ensuite remis à la mer blessés). Puis, il intégrait la Commission européenne. Pour son dernier tour de piste, l'ancien candide, aux allures de premier de la classe rêveur grâce à son virevoltant interprète Xavier Lacaille, aborde les plus hautes sphères : celles du Conseil européen, qui réunit en huis clos les chefs d'État des pays membres.

« Il y a ce dont on semble être en train de discuter qui révèle les grandes fractures entre la France et l'Allemagne, entre le Sud et le Nord, entre l'Est et l'Ouest, comment à travers des sujets assez concrets, on se confronte aux grands enjeux de la géopolitique. Samy est débrouillard mais sait qu'il n'a pas le profil d'un technicien. La Commission a émoussé son enthousiasme. Mais dans la bagarre d'un Conseil européen où les masques tombent et où les égoïsmes nationaux priment, il va retrouver la flamme », décrypte le coscénariste Pierre Dorac. Cet ex-eurocrate connaît les rouages bruxellois et n'a plus aucun mal à trouver des sources.

Valérie Hayer en figurante

En dévoilant le travail des députés européens, si peu montré à l'écran, que ce soit dans les JT ou la fiction, il a gagné la reconnaissance de ceux qui travaillent dans les institutions. « Certains élus sont fiers d'avoir inspiré certains dialogues ou situations », explique-t-il. Pour écrire, il s'installe dans une des cafétérias ou une salle vide du Parlement pour « attraper les manières de parler ». « On déjeune avec un assistant, un député, un administrateur pour saisir leur façon de regarder le monde. Que pensent les Luxembourgeois des Français ? Les Espagnols des Néerlandais ? » Pour cette saison axée sur le Conseil et donc la diplomatie, des ambassadeurs ont été sollicités. Éric Caravaca campe l'un d'eux.

Parlement suscite des vocations de figurants : Clément Beaune, la commissaire danoise Margrethe Vestager, Valérie Hayer (avant sa nomination comme tête de liste d'Ensemble aux élections européennes). Ce printemps, c'est l'agriculteur et élu écologiste Benoît Biteau qui se prête au jeu. Signe de la confiance entre créateurs et institutions européennes qui n'exercent aucun droit de regard sur le script, la série s'est vue ouvrir d'emblée les portes des hémicycles du Parlement, des bureaux de la Commission et a filmé les abords d'un Conseil (tapis rouge, foule des journalistes) pour en « capter l'énergie ».

« L'Europe, c'est compliqué. Parlement exploite cette difficulté pour en faire de la comédie, avec comme parti pris éviter tout prêchi-prêcha pour ou contre l'Europe. Le terrain est tellement inédit que nous pouvons nous permettre toutes les vannes, conclut Pierre Dorac. Ce ne serait pas le cas si nous imaginions un genre plus balisé comme le polar. »

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