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Entre préparation de longue haleine et exaltation de fin d’étape : dans les coulisses du Tour de France avec France TV

Les caméras de France Télévisions sont les seules au monde à capter le Tour de France.
Les caméras de France Télévisions sont les seules au monde à capter le Tour de France. Mathilde Seifert

NOUS Y ÉTIONS - La Grande Boucle a pris place, depuis le 29 juin et jusqu’au 21 juillet 2024, sur les routes de l’hexagone pour cette 111e édition. Le groupe du service public nous a ouvert les portes de son dispositif et livré ses secrets de fabrications.

« Top hélicoptère 1, on reste sur moto 5. » La septième étape de cette 111e édition du Tour de France a débuté ce vendredi 5 juillet sur les terres bourguignonnes et les équipes d’Anthony Forestier, réalisateur de l'événement, sont à pied d’œuvre pour garantir la retransmission de ce contre-la-montre opéré dans les vignes entre les villages viticoles de Nuits-Saint-Georges et Gevrey-Chambertin.

L’enjeu est de taille. Les caméras du groupe du service public sont les seules au monde à capter l’évènement. Si France Télévisions agissait de concert avec TF1 entre 1975 et 1985, ils détiennent depuis l’exclusivité de la couverture télévisuelle de la Grande Boucle. « France Télévisions est le producteur du signal international qui est repris par 190 pays et également le producteur du signal privatif de France TV. » Pour ce faire, deux cars régie coexistent. Le premier est celui où les images générales de la course sont réalisées. Ici, chacun est à son poste, un casque vissé sur les oreilles. Les techniciens ont les yeux rivés sur les dizaines d’écrans. Sur cette mosaïque sont retransmises les images tournées, en direct, par les caméras des deux hélicoptères et des sept motos chargées de suivre le parcours des cyclistes.

Aux manettes de cette réalisation, Anthony Forestier prend les traits d’un véritable chef d’orchestre pour la cinquième année consécutive. Mais ces trois semaines de compétition ne sont que l’apothéose de nombreux mois de préparation. Son travail commence dès l’annonce du parcours de l’évènement en octobre, soit plus de 9 mois avant le jour J. « Je repère toutes les étapes. Je pars avec ma petite voiture pour savoir ce que je vais faire faire aux hélicoptères, aux motos, comment sont les arrivées. Je note tout ce qui peut avoir un impact sur la course. S'il y a un virage dangereux, un pont, un château que je veux qu’on entoure etc », explique le réalisateur qui ne manque pas de souligner qu’il n’est pas seul dans cet exercice. Si l’organisation en amont est primordiale, l’adaptabilité est également cruciale.

200 techniciens

Chaque matin de course, bien avant de prendre place dans le car régie, des vérifications sur le terrain sont nécessaires. « On vérifie les quatre caméras positionnées avant la ligne d’arrivée. Comme on avait repéré quelques mois auparavant, on vient regarder si la ligne et les barrières sont positionnées comme prévu parce que chaque petit détail peut nous pourrir la vie. » Le travail commence également 9 mois en amont pour les équipes de production qui, dès le parcours annoncé, commencent à s’organiser en réservant les hébergements et les voitures de location pour les techniciens sollicités. « Ça demande une rigueur très importante parce qu’on a 200 personnes à manager, avec des dispositifs techniques qui changent quasi quotidiennement donc c’est un gros travail en amont », précise Déborah Larieu, directrice de production.

Évènement itinérant oblige, les conditions changent selon chaque ville. Et la partition du réalisateur, pourtant millimétrée, peut connaître quelques fois des imprévus auxquels il faut s'adapter instantanément. Lors de cette septième étape, la configuration est encore plus complexe que celle d’une étape en ligne classique. Tout au long des 25 kilomètres du parcours du jour, plusieurs cars régie, réalisateurs et caméras sont dépêchés spécialement pour s’assurer de la bonne tenue des opérations. Un premier est placé sur la ligne de départ, où est installée une rampe pour lancer les coureurs. Un deuxième à un point intermédiaire appelé le « point chrono ». Puis Anthony Forestier clôt l’étape en vérifiant ses caméras d’arrivée.

L'organisateur de l'événement met un point d'orgue à faire des arrivées spectaculaires au cœur de ville

Déborah Larieu, directrice de production

Malgré une organisation au cordeau, impossible de filmer les performances des 176 coureurs. « On fait une liste de tous ceux qui peuvent potentiellement faire quelque chose sur ce chrono puis on fait un tableau de répartition des motos et des hélicoptères la veille de la course jusque tard dans la nuit. » Ainsi, chaque moto a une liste de coureurs attribuée. « C'est un gros tableau Excel où on définit que la moto 1 se charge de Vingegaard puis d'un deuxième coureur et d'un troisième etc. » En plus de cela, tous les parcours faits par les deux-roues doivent être chronométrés « parce qu'une fois qu'elle a loupé un coureur, il faut qu'elle revienne au départ [...] Pour nous c’est vraiment une épreuve.» Et ce n’est pas la seule difficulté que la journée revêt.

Le car régie du signal international de France Télévisions Mathilde Seifert

Le choix a été fait de faire arriver les cyclistes en plein cœur du village de Gevrey-Chambertin. Et si l’ambiance festive et le patrimoine viticole sont à l’honneur, cette arrivée complexifie davantage le dispositif de France Télévisions. « De plus en plus, ASO, l’organisateur de l'événement, met un point d’orgue à faire des arrivées spectaculaires au cœur de ville et du coup notre zone technique ne peut pas toujours être accueillie », explique Déborah Larieu. En effet, tout l’équipement nécessaire à cette captation de grande envergure demande un nombre de mètres carrés au sol non négligeable. La zone technique est ainsi divisée en deux endroits distincts. La première, la plus étroite, à quelques mètres de l’arrivée, peut accueillir le car régie principal où se situent Anthony Forestier et son équipe.

La seconde zone, plus vaste, se trouve, elle, à un peu plus d’un kilomètre de là et reçoit les plateaux d’émissions, les loges, la rédaction mais également le second car régie dédié à l’habillage pour la diffusion sur les antennes de France Télévision. « Ça consiste à ajouter les interviews et mixer les commentaires de France Télévisions », précise la directrice de production. Ce même lieu accueille également le studio des commentateurs à savoir Marion Rousse, Laurent Jalabert et Alexandre Pasteur. Les trois compères ont l’habitude de couvrir toute la saison du cyclisme ensemble. Et en ce début de course, l’ambiance est particulièrement studieuse. Le nez dans leurs fiches, relié par une liaison audio à la réalisation, chacun y va de son impression et de son information. Le spécialiste patrimoine, Franck Ferrand, vient compléter cette équipe.

Alexandre Pasteur, Marion Rousse et Laurent Jalabert Mathilde Seifert

« Le Tour de France c’est aussi le patrimoine »

Les épreuves étant filmées en intégralité - une nouveauté depuis 2017 -, rythmer le direct par des anecdotes patrimoniales est un véritable défi. « Pour tenir et que ce soit intéressant pendant six heures, on essaye de raconter des histoires. Quand on est en repérage, on va voir les gens qui ont souvent des histoires à nous raconter ou leurs “bons coins” que personne ne connaît », a expliqué Anthony Forestier qui souhaite faire plaisir au plus grand nombre. « On fait en sorte que les spécialistes et les ultra-fans de vélo soient heureux mais aussi que ma mère qui aime moins le vélo soit contente de découvrir la France. [...] Il y a les vélos mais le tour de France c’est aussi le patrimoine, les châteaux, les lacs, les églises. Tout ce que notre beau pays peut nous offrir. » L’objectif est ainsi de se démarquer, et cela passe par une année complète de travail et la conception d’un livre sur le patrimoine de 700 pages.

Pour Laurent Luyat, présentateur de l’émission « Vélo Club », la mise en avant de l’héritage français est également importante. « Le Tour de France va au-delà du vélo. Il y a la course mais aussi tous les à-côtés comme les paysages, les sites, la ferveur. C’est un peu la France éternelle. » Après vingt ans à couvrir l’événement, le journaliste lui porte toujours la même ferveur. Bien qu’il reconnaisse qu’il s’agit d’un véritable investissement physique. « Il y a beaucoup de route. On arrive le matin vers 10-11 heures. On est dans la zone technique jusqu’à la fin de “Vélo Club” c’est-à-dire 19 heures. Ensuite il faut faire 250 à 300 kilomètres pour rejoindre la ville d’arrivée du lendemain. Ça fait des journées qui s’étirent et sont très longues », explique-t-il tout en martelant sa passion pour la Grande Boucle. « C’est une immense fête populaire. On est à la rencontre des téléspectateurs, ça nous permet de discuter avec eux, de faire des photos. » Le plateau de l’émission a d’ailleurs été modifié dans le souci d’être au plus proche des Français, passant du toit d’un bus durant les premières années à un véritable plateau au sol pour pouvoir accueillir en présence de public.

On va être en apnée sur la dernière demi-heure

Alexandre Pasteur

Ce jour-là, tandis que le présentateur se prépare à prendre l’antenne de « Vélo Club », l’ambiance dans le studio des commentateurs s'électrise à quelques minutes de la fin de l’étape. « On va être en apnée sur la dernière demi-heure », lance Alexandre Pasteur, exalté par les performances du trio de tête à savoir Remco Evenpoel, Tadej Pogacar, Jonas Vingegaard. L’étape consacre le belge Remco Evenpoel au rang de vainqueur et les trois commentateurs n’ont que cinq minutes pour sortir de leur studio et se rendre sur le plateau de l’émission.

« Chacun des chroniqueurs a sa personnalité et donc son regard sur la course. C’est ça qui fait que c’est très hétérogène. C’est un régal d’être entouré de chroniqueurs comme ça », se réjouit Laurent Luyat. Comme sur le reste du dispositif, l’émission se cale à l’actualité. En l’occurrence, ce vendredi 5 juillet, des invités de dernière minute étaient présents sur le plateau : le coureur Julien Bernard, originaire de la région qui s’est arrêté sur le parcours pour embrasser sa femme et saluer ses supporters, accompagné de son père, Jean-François Bernard, lui aussi figure du cyclisme. « On a décidé une heure avant le vélo club de les inviter parce qu’il y a eu ce moment-là. Avec Fabrice Colin en régie, qui est mon binôme, on décide au fur et à mesure de l’émission même si on a quelques points de repère. » La compétition va se poursuivre encore jusqu’au 21 juillet pour les 172 coureurs réservant, sans doute, son lot de surprises aux équipes de France Télévisions.

Entre préparation de longue haleine et exaltation de fin d’étape : dans les coulisses du Tour de France avec France TV

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