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Kevin Costner : «J'ai peur de vieillir, car je veux voir mes enfants grandir»

Kevin Costner sur le tapis rouge du 77e Festival de Cannes, le 19 mai 2024
Kevin Costner sur le tapis rouge du 77e Festival de Cannes, le 19 mai 2024 Mike Marsland / Mike Marsland/WireImage

Dernier cowboy de Hollywood, l'acteur-réalisateur met en scène Horizon, une saga sur la naissance de l'Amérique dont le premier volet est en salles.

Dans les années 1990, rien n'arrête Kevin Costner. Star du cinéma pop-corn (Robin des bois, Bodyguard) et coqueluche du public féminin aux côtés de Mel Gibson, Harrison Ford ou Bruce Willis, il inscrit aussi son nom dans la mémoire des cinéphiles en collaborant avec Oliver Stone (JFK) ou Clint Eastwood (Un monde parfait). Autre exploit, avec Danse avec les loups, son premier film derrière la caméra (1990), il décroche sept Oscars, dont ceux du meilleur film et de la meilleure réalisation. Il est alors le roi de Hollywood, celui à qui tout réussit. Mais le temps et quelques mauvais choix font leur office. Les seconds rôles prennent l'ascendant sur les premiers, les quinquas sont relégués sur le banc des remplaçants.

Mais l'usine à rêves hollywoodienne, royaume de tous les possibles, offre souvent de prodigieux come-back. En 2018, quand Kevin Costner accepte la série Yellowstone pour Paramount+, son instinct ne le trompe pas. Le public qui l'a plébiscité en cow-boy dans Silverado, Wyatt Earp ou Open Range est ravi de le voir porter à nouveau le stetson. Le succès est tel que la star parvient à mener à bien le projet de réalisation le plus ambitieux de sa carrière : une saga sur la naissance de l'Amérique en quatre longs-métrages. Horizon, dont le premier volet est en salle (le chapitre 2 sortira à la rentrée), est un western épique et romanesque qui raconte les enjeux intimes, politiques et humains de la conquête de l'Ouest à travers le point de vue des colons, des militaires, des Amérindiens, mais aussi des femmes. Présentée hors compétition au Festival de Cannes, cette épopée tient particulièrement à cœur à l'acteur-réalisateur : il en rêvait depuis trente-cinq ans.

Madame Figaro. – Votre carrière est jalonnée de westerns. Que représentent ce genre et les grands espaces pour vous ?

Kevin Costner. – Ce sont des territoires fertiles et sans limites pour l'imagination. Les montagnes et les rivières nous ont précédés et nous survivront sans doute. Elles ont vécu toutes les époques et sont chargées d'histoires qui nourrissent notre imaginaire depuis toujours. Raconter la naissance d'une nation comme je le fais dans Horizon, c'est raconter l'ère des possibles : l'idée même de l'Amérique était alors une expérimentation, un work in progress qui évoluait à mesure que les hommes découvraient des régions vierges et parfois hostiles.

La conquête de l'Ouest, c'est aussi la violence…
En Amérique comme en Europe, les frontières se sont construites dans le sang et la peur de l'autre. Dans notre pays, les colons ont détruit des peuples et des cultures qui vivaient là depuis 15 000 ans pour conquérir des territoires. La cohabitation n'était même pas une option, et quand je regarde l'histoire actuelle, j'ai parfois peur de notre incapacité à nous améliorer. Mais peut-être apprendrons-nous un jour de nos erreurs, peut-être accepterons-nous de nous regarder en face ? Tant que nous vivons dans une démocratie et que nous sommes libres de penser et d'agir, il serait bon de se poser les bonnes questions. J'adore mon pays, mais refuser de faire notre examen de conscience peut mener dans l'impasse.

Votre western est majoritairement porté par des femmes. Pourquoi ?
Les westerns ont souvent représenté des personnages féminins dépendants des hommes, des archétypes auxquels il était peut-être difficile de s'identifier. Or, j'ai toujours écrit des héroïnes résilientes. Dans Horizon, les femmes sont plongées malgré elles dans un environnement choisi par leurs maris ou leurs pères, mais elles ont une capacité de survie et une force bien supérieures à celle des hommes.

Je n'ai pas la prétention de comprendre les femmes, je ne crois pas que les hommes en soient capables, mais j'ai toujours veillé à ne pas les instrumentaliser dans mes films, à ne pas les assigner aux rôles de faire-valoir

Kevin Costner

Était-ce une volonté politique de les écrire ainsi ?
Ce que je cherche avant tout quand je réalise un film, c'est l'authenticité. J'espère divertir et transporter le spectateur, et j'ai la sensation que l'on bride son imagination quand on écrit avec la conscience et la volonté d'être politique. En tant qu'homme, il m'est évidemment plus aisé de créer des personnages masculins pour la simple et bonne raison que je les connais mieux. Mais j'ai toujours eu autour de moi des femmes fortes qui m'inspirent et qui, inconsciemment, doivent nourrir mes héroïnes. Je n'ai pas la prétention de comprendre les femmes, je ne crois pas que les hommes en soient capables, mais j'ai toujours veillé à ne pas les instrumentaliser dans mes films, à ne pas les assigner aux rôles de faire-valoir. De la même façon, j'essaie d'être respectueux avec les autres cultures que je représente, celle des natifs américains par exemple.

Vos personnages masculins s'écartent aussi du carcan du cow-boy invincible…
C'était une époque compliquée, où le monde n'était pas régi par la loi, où tout était terriblement dangereux. Il fallait régler ses problèmes soi-même. Votre survie dépendait de vos choix et de vos décisions. Or, aucun être humain n'est infaillible et le raconter différemment serait peu réaliste. Les hommes sont depuis toujours victimes de leur vanité, leur naïveté, leur entêtement ou leur cupidité.

Quels ont été les modèles qui ont forgé cette pensée ?
Mes parents sont à la racine de tout. Des exemples de bonté qui avaient compris que les petits gestes ne coûtent rien mais représentent beaucoup pour celui qui les reçoit. Je suis admiratif de tout être humain tourné vers l'autre et j'admire notamment la gentillesse chez les hommes : il faut beaucoup de force et de liberté pour oser l'embrasser quand la société ne cesse de vous répéter depuis votre naissance que vous devez être dur et insensible.

Vous avez joué de nombreux cow-boys au cinéma. Vous considérez-vous comme l'un d'eux ?
Non, mais je ne peux aller contre ce que le public projette de moi à travers les personnages que j'ai incarnés. J'en suis pourtant loin. Un cow-boy ne possédait que ce qu'il portait sur son dos ou sur sa monture : c'était un homme fondamentalement libre, sans attache terrienne, sans emploi fixe, sans charge quotidienne. C'est l'opposé absolu de l'homme qui, dans nos sociétés modernes, se construit entre autres à travers des objectifs de propriété et de stabilité.

Vieillir dans ce métier est-il source d'angoisse ?
Non, car jouer ne me définit pas. J'ai uniquement peur de vieillir, car je veux voir mes enfants grandir, se marier, devenir parents. Le public me perçoit d'abord comme un acteur, mais je suis surtout un père qui se questionne pour l'avenir de ses enfants, espère les accompagner le plus longtemps possible et profite de beaux moments de partage avec eux. Cinq d'entre eux m'ont par exemple accompagné lors de la montée des marches à Cannes : un des plus jolis moments de ma carrière.

Réaliser n'est donc pas une façon d'endosser des rôles dont vous rêvez encore ?
Je n'investis pas tout dans ma carrière, l'essentiel est ailleurs. Cependant, j'ai encore la passion du jeu et je m'écris toujours une partition. Beaucoup pensent que la charge est trop lourde quand vous avez la double casquette, mais je le fais pour chacun de mes films. Cela peut aussi aider à trouver des financements quand vous portez un projet de cette ampleur. Mais, très honnêtement, je le fais surtout par plaisir.

Quelle pression est-ce de s'attaquer à une saga aussi ambitieuse, avec trois suites à venir ?
Horizon m'accompagne tous les jours, toutes les nuits, jusque dans mes rêves. Il me hante, m'épuise, mais me galvanise aussi.

Horizon : une saga américaine, partie 1, de et avec Kevin Costner. Deuxième volet le 11 septembre.

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4 commentaires
  • Ouulalala

    le

    Il paraît que c est nul. Ceci dit le projet est ambitieux.

  • e g.

    le

    Propos sexistes en insinuant que les femmes auraient certaines capacités supérieures aux hommes mais ça passe crème c'est bobo c'est bien pensant...

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