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Golshifteh Farahani : «2023 a été une année brûlante, peut-être la plus difficile de ma vie»

Héroïne de série pour Apple TV+, voix-off de documentaire, muse du cinéma d'auteur... L'actrice iranienne Golshifteh Farahani ne refuse aucun défi.
Héroïne de série pour Apple TV+, voix-off de documentaire, muse du cinéma d'auteur... L'actrice iranienne Golshifteh Farahani ne refuse aucun défi. Photo BOJANA TATARSKA

Héroïne de série pour Apple TV+, voix-off de documentaire, muse du cinéma d’auteur... L’actrice iranienne ne refuse aucun défi. Dernier en date : un rôle physique dans le film de genre Roqya, de Saïd Belktibia, où elle campe une femme traquée et accusée de sorcellerie.

Avant de partir à Vancouver, au Canada, tourner la saison 3 de la série Invasion (Apple TV+), l'actrice franco-iranienne s'offre une pause en France pour promouvoir Roqya, premier long-métrage de Saïd Belktibia. Elle prête également sa voix au documentaire Sinjar, naissance des fantômes, d'Alexe Liebert, sur la souffrance des Yézidis de Sinjar, région entre les mains de l'État islamique depuis cinq ans. Rencontre en mode Autopromo.

Madame Figaro . - Mon état d'esprit ?
Golshifteh Farahani. - 2023 a été une année brûlante, peut-être la plus difficile de ma vie. En 2024, je ne vois pas encore le bout du tunnel, mais je sens en moi une lumière qui me donne de l'espoir.

Mon rôle dans Roqya ?
Une pirate ! Nour a un tempérament très fort, c'est une grande gueule qui gagne sa vie en transgressant la loi mais qui suscite néanmoins l'empathie. Il est rare de jouer un personnage dans une telle zone de gris. J'ai souvent été «angélisée» par le cinéma français, et nager à contre-courant m'amuse, d'autant que le rôle est assez physique. J'ai heureusement eu un bon entraînement grâce aux films américains que j'ai tournés. Je suis plutôt à l'aise dans l'action.

Ce que je partage avec mon personnage ?
Sa résistance, sa résilience, sa soif d'indépendance et sa singularité dans une société qui préfère les moutons aux lions. Je crois d'ailleurs qu'il faut cultiver ses défauts : ils sont le terreau de nos qualités.

Un secret de tournage ?
Mon coup de foudre pour mon rat que j'avais baptisé Patrick, sur Pirates des Caraïbes, la Vengeance de Salazar. J'avais déjà travaillé avec des rongeurs mais celui-là était le plus mignon de tous. Tourner avec les animaux n'est pas un problème pour moi, même quand il s'agit de cobra blanc, de tarentules, de varan, ou de scorpions que je dois laisser gambader sur mes mains. Ma seule phobie ? Les gros cafards.

Le cinéma peut changer des vies, j'en suis la preuve

Golshifteh Farahani

Mon engagement pour les femmes ?
Mon combat se reflète dans mes choix d'actrice depuis toujours. Déjà, en Iran, j'allais vers des rôles qui déplaçaient les regards sur les femmes. Aujourd'hui, tout ce qui se passe depuis MeToo donne à espérer, mais la route est encore longue. Si les lois nous protègent en France, non loin d'ici, la parole des femmes ne peut pas encore s'exprimer. J'espère que l'onde créée par les vagues féministes rayonnera bientôt plus largement.

Mon mantra ?
«L'art est la lumière dans l'obscurité.» Le cinéma peut changer des vies, j'en suis la preuve.

Est-ce que je mens en interview ?
Non, car je suis une très mauvaise menteuse. J'ai d'ailleurs quitté l'Iran parce que je ne pouvais pas accepter une vie de mensonges et d'hypocrisie. La vérité, c'est l'histoire de ma vie.

Il faut cultiver ses défauts : ils sont le terreau de nos qualités

Golshifteh Farahani

Une question qui m'agace en interview ?
Aucune. En tant qu'exilée, on m'interroge sans arrêt sur l'Iran mais je préfère qu'un journaliste me demande de raconter encore et encore, plutôt que de penser que le sort des populations là-bas n'intéresse pas.

Ce que je ressens en me regardant dans le miroir, le matin, pendant le maquillage ?
Comme je me suis battue pour atteindre mon âge, j'aime voir le temps qui passe sur mon visage. Les rides me rappellent le chemin parcouru. Et si un rôle ne m'oblige pas à faire de couleur, j'assume très bien mes cheveux blancs.

Un malentendu me concernant ?
On dit que je ne peux pas retourner en Iran parce que j'ai enlevé mon voile le soir de la première de Mensonges d'État, de Ridley Scott. La vérité est ailleurs : comme je travaillais avec des Américains, le gouvernement iranien a pensé que j'étais une espionne. Mon sort était scellé et je ne pouvais plus rentrer. Retirer mon voile ou poser nue ont juste aggravé mon cas.

J'ai quitté l'Iran parce que je ne pouvais pas accepter une vie de mensonges et d'hypocrisie

Golshifteh Farahani

La dernière fois où j'ai été fière de moi ?
J'ai récemment été fière de mon corps, qui ne m'a pas trahie alors que je pensais apprendre une nouvelle catastrophique sur ma santé.

Roqya, de Saïd Belktibia, avec Jérémy Ferrari, Denis Lavant, Amine Zariouhi…
Sinjar, naissance des fantômes, d'Alexe Liebert, sortie le 19 juin.

Golshifteh Farahani : «2023 a été une année brûlante, peut-être la plus difficile de ma vie»

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1 commentaire
  • PatricJL

    le

    Une superbe actrice !

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