Cette école suisse vole à la France des milliers d'étudiants – un prof explique pourquoi

Cette école suisse vole à la France des milliers d'étudiants – un prof explique pourquoi En 2023, cet établissement comptait 1 050 titulaires du baccalauréat français parmi ses diplômés étrangers.

De nombreux étudiants français choisissent chaque année de partir étudier à l'étranger. En cinq ans, la mobilité des jeunes Français a augmenté de 25%, selon le rapport 2023 de Campus France. L'année dernière, 108 654 Français étudiaient à l'étranger, principalement au Canada, en Belgique, au Royaume-Uni, en Suisse, en Espagne et en Allemagne. Certaines filières ou écoles sont des exemples emblématiques de cette tendance à la mobilité. C'est le cas, par exemple, de la médecine vétérinaire : la majorité des nouveaux inscrits à l'Ordre national des vétérinaires en France a été formée à l'étranger, principalement en Belgique, en Espagne et en Roumanie.

Dans un autre registre, l'École Polytechnique Fédérale de Lausanne (EPFL), une prestigieuse université scientifique et technologique, située dans la partie francophone de la Suisse, attire de nombreux étudiants français. En 2023, elle comptait 1 050 titulaires du baccalauréat français parmi ses diplômés étrangers, d'après les chiffres de nos confères du Monde. Certains étudiants décident d'y aller pour éviter de se confronter à Parcoursup, comme le raconte sur X (anciennement Twitter) l'internaute nommé Papy Messi : "Pas mal de terminales y vont depuis que Parcoursup est devenu la médiocratie plutôt que la méritocratie".

Pour d'autres, la mobilité permet de contourner les classes préparatoires, particulièrement réputées pour leur exigence. "En ayant étudié à l'Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne, le gros plus, c'est qu'il n'y a pas besoin de passer par des prépas pour y entrer (seulement 16 au bac)", raconte, quant à lui, toujours sur X, l'internaute LafTors. En effet, la sélection à l'entrée de l'EPFL se fait sur dossier et le bachelor permet d'atteindre des masters similaires à ceux qu'il est possible d'intégrer en France après une classe préparatoire.

KaplanBen_Fr, comme il se fait appeler sur le réseau social, est professeur en sciences dans l'enseignement supérieur. Il reconnaît conseiller régulièrement à ses meilleurs étudiants de poursuivre leurs études à l'EPFL. Selon lui, par rapport à une école d'ingénieurs en province ou un master à l'université, cette école offre davantage d'opportunités professionnelles en France et à l'international. "L'EPFL est une filière plus ouverte sur les opportunités professionnelles et permet d'obtenir le titre d'ingénieur", précise-t-il. Le titre d'ingénieur de l'EPFL est reconnu par la Commission française des titres d'ingénieurs.

"Je fais le constat que l'université française ne parvient à garder ses bons éléments que lorsqu'il y a des formations en alternance, avec une perspective de recrutement dans le secteur privé", continue le professeur. Il ajoute : "L'attractivité de carrières dans le secteur public ou l'attractivité de la thèse sont en très nette baisse". Un manque d'opportunités professionnelles et d'attractivité du public entre autres causes de départ à l'étranger, donc. En 2021, 16 400 étudiants étaient inscrits en première année de doctorat contre 19 769 pour l'année 2009, soit un recul environ de 17%.