Le cap des 100 000 points de recharge publics en France est enfin atteint. Et ensuite ? Ce jalon me fait perdre l’opportunité d’asticoter le gouvernement pour les cafouillages et les retards pris sur leurs ambitieuses promesses de 2020. Les prochains objectifs sont donc attendus avec une certaine impatience pour pouvoir relancer le compteur. Le symbole du chiffre rond reste fort, c’est une étape importante et positive pour les utilisateurs des véhicules électriques. Il n’est pourtant pas encore l’heure de se reposer sur ses lauriers. D’ici à 2030, ce nombre de bornes devrait tripler, voire quadrupler, pour suivre le nombre croissant de voitures électriques sur la route. Ce n’est que le début de l’effort pour l’ensemble de la filière de la recharge.
Les opérateurs de recharges rapides ont bien compris que l’avenir se construisait dès aujourd’hui. Quelques craintes subsistent encore pour l’équipement des voiries, notamment hors des grandes métropoles, ainsi que pour les copropriétés. Les innovations techniques concernant la recharge aideront peut-être à accélérer ces installations partagées dans les prochaines années. De leur côté, les entreprises, comme les commerces, commencent à prendre le pli.
L’accélération de l’équipement des aires d'autoroutes est aussi un signal fort envoyé en faveur de la transition. Les réseaux du Nord (Sanef) et l’Est (Eiffage) ont déjà quasi bouclé leur objectif d’équiper toutes les aires de service. Vinci, qui gère l’Ouest et le Sud, n’est pas aussi avancé que ses concurrents, mais il s’est engagé à le faire d’ici fin 2023. Toutes ces installations n’empêcheront probablement pas les embouteillages aux bornes lors des gros week-ends de l’été... Et il ne faut pas délaisser non plus le réseau secondaire, qui est une alternative encore très utilisée par les automobilistes.
La couverture du territoire devrait continuer à s’intensifier à bon rythme, même si des zones blanches vont demeurer, faute de rentabilité évidente. Tesla continue de resserrer son maillage de superchargeurs, de plus en plus souvent ouverts à tous, et les autres opérateurs sont aussi assez actifs depuis 2022 : Ionity (123 stations), Allego (120), Total Energies (109). Ils sont aussi complétés par Fastned, Powerdot, Electra, Engie, IECharge… Des opérateurs privés comme Ionity, Fastned et Electra travaillent à améliorer l’expérience utilisateur en plus de leur réseau, et cela ne sera pas du luxe. Les utilisateurs ne demandent pas la Lune, juste un auvent pour être protégé — un paiement par carte bancaire, un nombre de bornes suffisantes et l’autocharge sont déjà grandement appréciés.
Il n’en reste pas moins que les automobilistes peuvent vite déchanter. Il suffit qu’une ou plusieurs bornes soient défectueuses ou indisponibles pour que l’image de l’ensemble du réseau français se retrouve ternie. Cela va être un des enjeux des années à venir. Il ne faudrait pas qu’un second fiasco Izivia, comme en 2020, apparaisse. Finalement, peu importe le nombre de bornes installées, cela ne sera jamais assez pour le français réfractaire à la mobilité électrique. L’idée bien ancrée qu’une voiture électrique ne peut pas faire de longs trajets va mettre du temps à disparaître. Même si cela n'a plus rien de l'épreuve redoutée. D'ailleurs, je m'apprête même à le faire demain avec un véhicule plutôt pensé pour la ville et sans planificateur. Facile !