Elon Musk a beau trainer une réputation de « génie » en matière de vision pour les véhicules électriques, il lui arrive de prendre des décisions hâtives et hasardeuses concernant ses Tesla. Au risque d’être accusée de faire du « Tesla bashing », je vais quand même vous parler du lancement particulièrement loupé du « Tesla Vision ». Les exemples ne manquent pas, mais l’affaire du retrait des capteurs à ultrasons (USS), pour être remplacés par un système se basant sur les caméras, semble être la parfaite illustration des méthodes de Musk.
Les voitures modernes sont quasiment toutes équipées de capteurs à ultrasons pour aider aux manœuvres de stationnement. C’est devenu un accessoire incontournable pour se garer, notamment avec des véhicules de plus en plus imposants. Un jour, Elon Musk a décidé qu’il allait se passer de ces fameux capteurs. Son idée tient au fait que les différentes caméras qui équipent les Tesla seraient suffisantes pour définir l’environnement à 360° autour du véhicule. Pourquoi pas, après tout, les voitures parviennent à rouler de manière autonome avec ce même équipement !
Sauf qu’Elon Musk a décidé de retirer ces capteurs sur les nouveaux modèles produits, avant même que le logiciel exploitant les caméras ne soit fonctionnel. Soit une disposition de la charrue bien avant les bœufs. Plusieurs dizaines de milliers de Tesla ont donc été livrées aux clients sans aucune aide au stationnement. Les clients ont été priés de se montrer patients jusqu’à obtenir le Tesla Vision. Résultat des courses, depuis octobre 2022, les carrossiers agréés Tesla n’ont jamais eu autant de pare-chocs et d’ailes à redresser... Il aura fallu atteindre jusqu’à fin mars 2023 avant que Tesla ne pousse la mise à jour logicielle avec le fameux Tesla Vision. Les Model 3 et Y sont enfin moins aveugles dans les manœuvres de stationnement, et retrouvent les bip bip bien utiles.
Enfin, en théorie !
Dans la pratique, ce Tesla Vision ne voit pas grand-chose. Il entraîne même des situations particulièrement cocasses. La voiture va vous enjoindre à vous arrêter avec un « stop » à l’écran, alors que vous êtes à plus d’un mètre de la bordure du trottoir le plus proche. Le système ne voit absolument pas les obstacles devant ou derrière lui. Les vidéos se multiplient, tournant le système au ridicule : lenteurs de déclenchement, mesures inexactes, obstacles inexistants, ordres contradictoires… Dans une vidéo comportant plusieurs essais, on assiste même des scènes inquiétantes. Alors qu’un homme se tient debout derrière la voiture, au contact du véhicule qui recule sur lui, le système continue d’annoncer à son conducteur qu’il a 68 cm de place pour manœuvrer.
Tesla va bien sûr pousser des mises à jour pour améliorer progressivement le logiciel. Mais comment est-il imaginable de mettre à disposition des clients une solution aussi bancale ? Il s'agit clairement d'une régression des capacités des modèles Tesla. Un coup dur pour l’image, dont la marque se passerait probablement bien.